Bulletin Maurice Carême, n° 59, 2016 Hommage à Laszlo Ferenczi Qui était Laszlo Ferenczi ? Un homme qui, durant toute sa vie, approfondira son immense culture. Grand érudit littéraire, il le fut tout particulièrement en ce qui concerne le siècle de Voltaire. Mais il était également un humaniste dont l’accueil dans son appartement à Budapest reste inoubliable. Que de personnages illustres y ont séjourné ! De son enfance sous l’occupation nazie, il est né en 1937, Laszlo Ferenczi gardait de profondes blessures dont il ne parlait qu’à de rares privilégiés. Mais les mots montaient alors, du fond de lui, bouleversants. Cet antisémitisme qui avait à plusieurs reprises mis sa vie en péril dans les dernières années de la guerre, il allait le retrouver à nouveau durant les 50 années du communisme. Homme libre, il osait, lorsque son interlocuteur était discret, conier la réalité de ce qui se passait en Hongrie. Comment Maurice Carême rencontra-t-il Laszlo Ferenczi ? C’était en 1976. Tous deux étaient liés à la romancière belge Andrée Decroix. Cette dernière invita Maurice chez elle au début de l’année 1976 dans le petit lat qu’elle occupait à Bruxelles. Laszlo était présent et ce fut comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Ils ne cessèrent de se parler littérature. Le 4 février, Laszlo vint dîner à la Maison blanche.
Un homme quî, durant toute sa vîe, approondîra son îmmense cuture. Grand érudît îttéraîre, î e ut tout partîcuîèrement en ce quî concerne e sîèce de Votaîre.
Maîs î étaît égaement un humanîste dont ’accueî dans son appartement à Budapest reste înoubîabe. Que de personnages îustres y ont séjourné !
De son enance sous ’occupatîon nazîe, î est né en 1937, Laszo Ferenczî gardaît de proondes bessures dont î ne paraît qu’à de rares prîvîégîés. Maîs es mots montaîent aors, du ond de uî, boueversants. Cet antîsémîtîsme quî avaît à pusîeurs reprîses mîs sa vîe en pérî dans es dernîères années de a guerre, î aaît e retrouver à nouveau durant es 50 années du communîsme.
Homme îbre, î osaît, orsque son înterocuteur étaît dîscret, conier a réaîté de ce quî se passaît en Hongrîe.
Comment Maurîce Carême rencontra-t-î Laszo Ferenczî ? C’étaît en 1976. Tous deux étaîent îés à a romancîère bege Andrée Decroîx. Cette dernîère învîta Maurîce chez ee au début de ’année 1976 dans e petît lat qu’ee occupaît à Bruxees. Laszo étaît présent et ce ut comme s’îs se connaîssaîent depuîs toujours. Is ne cessèrent de se parer îttérature.
Le 4 évrîer, Laszo vînt dïner à a Maîson banche. Dans e bureau du poète, î s’émerveîa devant a bîbîothèque et décara : « Du jamaîs vu à ’Ouest, cher Maurîce Carême, vous avez à une bîbîothèque budapestîenne, ee couvre e monde. » Sî ce ut 1 une révéatîon pour Carême, î ne pouvaît îmagîner sa bîbîothèque sans qu’y igurent es grands poètes înternatîonaux. N’avaît-î pas découvert, marqué à jamaîs, ’œuvre d’Attîa Jozse dans a traductîon de Jean Rousseot, puîs chez Seghers, Endre Ady dont a poésîe avaît a pénîtude d’un Maherbe et d’un Agrîppa d’Aubîgné ? I étaît îé à Gyua Iyés, à d’autres poètes hongroîs rencontrés ors de réunîons îttéraîres.
Dès e premîer contact queques jours auparavant, une coniance récîproque avaît tîssé ses îens entre ’unîversîtaîre et e poète. Laszo Ferenczî avaît connu Maurîce Carême par deux poèmes de « Mère » pubîés en rançaîs et en angue hongroîse en évrîer 1939 dans a revue 2 « Le Travaî/Murka ». Le traducteur étaît Jànos Vajda, e jeune . Le dîrecteur de a revue étaît Lajos Kassák, ’esprît sans doute e pus îndépendant des ettres hongroîses du vîngtîème sîèce.
1. Ee aît toujours partîe du Musée Maurîce Carême. Ee est actuaîsée depuîs e décès du poète et ouverte aux chercheurs. 2. Assassîné en 1945 par es ascîstes.
29
Les échanges ne cessèrent pas, même après a mort du poète e 13 janvîer 1978. Une ondatîon avaît été créée en 1975 par Maurîce Carême. I vouaît non seuement sauvegarder son oeuvre, maîs égaement sa maîson, vérîtabe musée d’art, car î avaît été ’amî des grands peîntres de son pays. Un musée quî n’aaît cesser de s’enrîchîr et s’étaît ouvert au pubîc.
Laszo Ferenczî revînt à pusîeurs reprîses séjourner dans a maîson du poète. Devenu ’un des pus émînents exégètes de ’œuvre carémîenne, î présente en novembre 1985 (22 au 24 novembre) ors du Cooque « Maurîce Carême ou a carté proonde », une communîcatîon «Relire Maurice Carême» quî era date. I y reconnaït d’embée combîen « ’homme est terrîbement soîtaîre dans ’unîvers vu et vécu par e poète de “Mère”. Le moraîste et e vîsîonnaîre, remarque-t-î encore, osent nommer par eurs propres noms es choses sîmpes de a nature et cees de ’homme. Et cette dénomînatîon des choses, dîtes banaes ou superlues, aît partîe de sa révote contre son unîvers vécu. »
I va approondîr encore son étude tant concernant a poésîe que a prose et obtîent en 1991 e Prîx d’Études îttéraîres Maurîce Carême pour son essaîRelire Maurice Carême. I sîtue ’œuvre de açon admîrabe. Cet essaî reste aujourd’huî a réérence pour tous ceux quî se penchent sur ’unîvers carémîen.
En 1992, î aît a synthèse de son essaî quî paraït dans un Dossîer L (Provînce de Luxembourg – Servîce du Lîvre Luxembourgeoîs).
I y projette sa vue unîversîtaîre sur ’homme et ’œuvre. Combîen Maurîce Carême eût apprécîé ce texte oîn de tout dogmatîsme, îbéré de tout înteect, vérîtabe maadîe du sîèce ! Maîs cîtons a préace tant Laszo Ferenczî y touche à ’essentîe.
« Maurîce Carême, is de a vîe de Wavre, Bege, rancophone, européen, est un poète de a grandeur et de a mîsère de ’homme. Concîses, dîscrètes et pénétrantes, sa poésîe et sa prose nous parent de a soîtude proonde de ’homme et de a joîe de ’exîstence.
Fîn observateur de uî-même et des autres, révoté contre toutes es înjustîces, î exate e travaî de tous es jours, chante es merveîes de son Brabant nata et évoque es grands et sîmpes moments de ’enance et de ’amour. La sîmpîcîté de Carême n’est qu’une apparence. C’est une sîmpîcîté très compexe, savamment structurée. I y a à une musîcaîté extraordînaîre, due aux ongues phrases carémîennes. I y a une tensîon entre e vers et a phrase. Et î y a es îmages... Homme de vaste cuture, traducteur émînent de a poésîe néerandaîse de Begîque, î unît a musîcaîté du verbe à a ucîdîté des îmages. I aît a synthèse du quotîdîen et du sacré. »
Laszo Ferenczî eut de nombreux amîs dans e monde îttéraîre rancophone de Begîque : e poète Davîd Scheînert dont es vers crîent a soufrance du peupe juî au vîngtîème sîèce, sa emme Suzanne, poète ee aussî, Caros de Radzîtzky, présîdent du PEN cub de Bruxees, poète et traducteur d’Endre Ady, de Lajos Kassák, de Gábor Garaî, de Gyua Iyés, d’Àgnes Nemes Nagy, de György Tîmár. I ut très îé aussî avec Marc Quaghebeur dont î admîraît entre autres ’îmmense travaî réaîsé aux Archîves du Musée de a Lîttérature à Bruxees (AML). 30
I învîta a Fondatîon Maurîce Carême dans es unîversîtés de Budapest, de Pecs, de Szeged et de Mîskoc :
À ’unîversîté Eötvös Loránd de Budapest, e 24 septembre 1990 : Inauguratîon de a Chaîre de îttérature rançaîse par a Fondatîon Maurîce Carême et e proesseur Laszo Ferenczî
À ’unîversîté de Pecs, e 25 septembre 1990, conérence : « L’anthoogîe hongroîse parue au Seuî en 1962 vue par une Occîdentae queques 28 ans pus tard (L’întemporaîté de a poésîe hongroîse) ».
À ’unîversîté de Szeged, e 25 septembre 1990, conérence par a Fondatîon Maurîce Carême : « Les Interérences de a poésîe de Maurîce Carême et cee d’Attîa Jozse ».
Au Gymnase évangéîque de Budapest, e 27 septembre 1990 : eçon de rançaîs par a Fondatîon et e proesseur Magda Karcsîcs.
À Mîskoc, un Congrès Maurîce Carême înaugura e 9 novembre 1998 ’année du centenaîre de a naîssance de Maurîce Carême en 1899. La Fondatîon Maurîce Carême it a communîcatîon « Maurîce Carême, une vîe, une œuvre ».
À ’Unîversîté îbre de Budapest, ce ut e 11 novembre 1998 « Maurîce Carême et e sens du dîvîn » quî ut présenté aux étudîants par a Fondatîon Maurîce Carême.
Laszo Ferenczî étaît depuîs 1992 membre du jury du Prîx d’études îttéraîres Maurîce Carême dont î étaît ’une des voîx es pus avertîes et es pus écoutées.
Jeannîne BURNY Présîdente de a Fondatîon Maurîce Carême Conservateur du Musée Maurîce Carême