La lecture à portée de main
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Publié par | bibebook |
Publié le | 14 janvier 2013 |
Nombre de lectures | 25 |
EAN13 | 9782824700847 |
Licence : |
En savoir + Paternité, partage des conditions initiales à l'identique
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Langue | Français |
Extrait
ALP HONSE ALLAIS
L’AF F AI RE BLAI REA U
BI BEBO O KALP HONSE ALLAIS
L’AF F AI RE BLAI REA U
1899
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0084-7
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.QU ELQU ES LIGN ES DE L’A U T EU R
A L’ ADRESSE DE T RIST AN BERNARD αʹ
αʹ . Ces quelques lignes sont é crites sp é cialement p our M. T ristan
Ber nard ; né anmoins les autr es le cteur s p euv ent en pr endr e
connaissance , elles n’ ont absolument rien de confidentiel.
T B ,
C T e rapp elles-tu le V o yag e que nous fîmes l’an der nier à p ar eille
ép o que au tomb e au de Chate aubriand ? ( Je ne sais plus si cee visite avait
le caractèr e d’un pèlerinag e , ou si elle était le résultat d’un p ari de douze
déjeuner s). Nous avions pris le train, selon une pieuse coutume , à la g ar e
Montp ar nasse .
Le soir , sur ces entr efaites, était tombé . Je me souviens qu’au moment
où nous brûlions la station de N. . ., et où une br usque se cousse nous av
ertit que nous p assions sur le 1 ᵉʳ degré de longitude , je te p arlai de mon pr
ochain v olume , av e c la fiè v r e et l’ab ondance qui me caractérisent quand je
suis dans une p ério de de pr o duction. D ans mon ardeur , je m’ eng ag e ai
alor s, à te dé dier ce liv r e , mo y ennant certaines conditions.
Je tiens aujourd’hui ma pr omesse , non sans une joie très viv e , je te
1L’affair e Blair e au Chapitr e
dé die le liv r e suivant, sur le quel j’air e ton aention.
T u r emar queras d’ab ord que les descriptions y sont très brè v es, et que
l’ on n’y insiste sur l’asp e ct g énéral des nuag es, arbr es et v erdur es de toute
sorte , sentier s, lieux b oisés, cour s d’ e au, etc., que dans la mesur e où ces
détails p araissent indisp ensables à l’intellig ence du ré cit. En r e vanche , le
plus grand soin a été app orté au dessin ( outline ) et à la p eintur e ( colour )
des caractèr es. D’autr e p art, l’intrigue (plot) est entr e cr oisé e av e c tant
de b onheur qu’ on la dirait entr e cr oisé e à la machine ; or il n’ en est rien.
ant au style (style ), il est toujour s noble et, grâce à des pr o cé dés de
filtration nouv e aux, d’une limpidité inconnue à ce jour .
T els sont, mon cher ami, les mérites de cet ouv rag e , qu’ en é chang e de
la p etite gracieuseté que je te fais, tu p our ras r e commander , le cig ar e aux
lè v r es, av e c une nonchalance autoritair e , dans les cer cles, les casinos, les
g arden-p arties et les chasses à cour r e .
Cordialement à toi,
ALP HONSE ALLAIS.
n
2CHAP I T RE I
D ans le quel on fer a connaissance : 1° de M.
Jules F lé char d, p er sonnag e app elé à jouer un
rôle assez considér able dans cette histoir e ; 2°
du nommé P lacide , fidèle ser viteur mais
pr otag oniste , dir ait Bauër , de onzième plan,
et 3° si l’auteur en a la place , du très élég ant
bar on de Hautp ertuis.
C app ela :
― P lacide !M ― Madame ?
― V ous p ouv ez desser vir .
― Bien, madame .
Et M ᵐᵉ de Chaville alla r ejoindr e ses invités.
3L’affair e Blair e au Chapitr e I
Resté seul, le fidèle ser viteur P lacide gr ommela l’iné vitable « Ça n’ est
p as tr op tôt, j’ai cr u qu’ils n’ en finiraient p as ! »
Puis il p ar ut hésiter entr e un v er r e de fine champ agne et un autr e de
chartr euse .
En fin de compte il se dé cida p our ce der nier spiritueux, dont il lamp a
une notable p ortion av e c une satisfaction é vidente .
Bientôt, semblant se raviser , il r emplit son v er r e d’une très vieille e
aude-vie qu’il dégusta lentement, cee fois, en véritable connaisseur .
― Tiens, M. F lé chard !
Un monsieur , en effet, trav er sait le jardin, se dirig e ant v er s la véranda,
un monsieur d’asp e ct souffr eteux et p as riche , mais pr opr e
méticuleusement et non dép our v u d’élég ance .
― Bonjour , Baptiste ! fit l’homme p eu r obuste .
― Pardon, monsieur F lé chard, p as Baptiste , si cela ne v ous fait rien,
mais P lacide . Je m’app elle P lacide .
― Ce détail me p araît sans imp ortance , mais puisque v ous semblez y
tenir , b onjour A uguste , comment allez-v ous ?
Et le p auv r e homme se laissa tomb er sur une chaise d’un air las, si
las !
― D é cidément, monsieur F lé chard, v ous faites un fier original !
― On fait ce qu’ on p eut, mon ami. En aendant, v euillez pré v enir M ˡˡᵉ
Arab ella de Chaville que son pr ofesseur de g y mnastique est à sa disp
osition.
― Son pr ofesseur de g y mnastique ! p ouffa P lacide . Ah ! monsieur F
léchard, v ous p ouv ez v ous vanter de m’av oir fait bien rig oler , le jour où
v ous v ous êtes présenté ici comme pr ofesseur de g y mnastique !
Sans r ele v er tout ce qu’avait d’inconv enant, de familier , de trivial cee
réfle xion du domestique , M. F lé chard se contenta d’ép ong er son fr ont
r uisselant de sueur .
J’ai oublié de le dir e , mais p eut-êtr e en est-il temps encor e : ces é
vénements se dér oulent p ar une tor ride après-midi de juillet, à Montp aillard,
de nos jour s, dans une luxueuse véranda donnant sur un vaste jardin ou
un p as très grand p ar c, ad libitum.
― Un p etit v er r e de quelque chose , monsieur F lé chard ? pr op osa g
énér eusement P lacide , sans doute p our effacer la mauvaise impr ession de
4L’affair e Blair e au Chapitr e I
sa ré cente et intemp estiv e hilarité .
― Mer ci, je ne b ois que du lait.
― Un cig ar e , alor s ? Ils sont ép atants, ceux-là , et p as tr op se cs. Je ne
sais p as si v ous êtes comme moi, monsieur F lé chard, j’ador e les cig ar es
légèr ement humides. Du r este , à la Havane , où ils sont connaisseur s, comme
de juste , les g ens fument les cig ar es tellement frais qu’ en les tordant, il
sort du jus. Saviez-v ous cela ?
― J’ignorais ce détail, le quel m’imp orte p eu, du r este , car moi je ne
fume que le nihil, à cause de mes br onches.
L’illeré P lacide ne sembla p oint g oûter intégralement cee
plaisanterie de bachelier dé v o yé , mais p our ne p as demeur er en r este d’ esprit, il
conclut :
― Eh bien ! moi, je ne fume que les puros à monsieur .
― Cela vaut ( vaux) mieux que les purotinos que v ous p our riez v ous
offrir v ous-même .
Cee fois, P lacide ayant saisi, é clata d’un gr os rir e :
― Far ceur , va !
― Et M ˡˡᵉ Arab ella, Victor , quand pr endr ez-v ous la p eine de l’aviser de
ma présence ?
― M ˡˡᵉ Arab ella joue au tennis en ce moment, av e c les jeunes g ens et
les jeunes filles. C’ est la plus enrag é e du lot. Vieille folle , va !
Jules F lé chard s’était le vé tout dr oit ; visiblement indigné du pr op os
de P lacide , il foudr o yait le domestique d’un r eg ard furib ond :
― Je v ous serai oblig é , mon g ar çon, tout au moins de vant moi, de v ous
e x