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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 14 |
EAN13 | 9782824709925 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
LA GRENADI ÈRE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA GRENADI ÈRE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0992-5
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.LA GRENADI ÈRE
A CAROLI N E,
A la p o ésie du v o yag e , le v o yag eur r e connaissant,
DE BALZA C.
G une p etite habitation situé e sur la riv e dr oite
de la Loir e , en aval et à un mille envir on du p ont de T our s. EnL cet endr oit, la rivièr e , lar g e comme un lac, est p ar semé e d’îles
v ertes et b ordé e p ar une r o che sur laquelle sont assises plusieur s
maisons de camp agne , toutes bâties en pier r e blanche , entouré es de clos de
vigne et de jardins où les plus b e aux fr uits du monde mûrissent à l’ e xp o -
sition du midi. Patiemment ter rassés p ar plusieur s g énérations, les cr eux
du r o cher réflé chissent les ray ons du soleil, et p er meent de cultiv er en
pleine ter r e , à la fav eur d’une temp ératur e factice , les pr o ductions des
plus chauds climats. D ans une des moins pr ofondes anfractuosités qui
dé coup ent cee colline s’élè v e la flè che aiguë de Saint-Cy r , p etit villag e
duquel dép endent toutes ces maisons ép ar ses. Puis, un p eu plus loin, la
Choisille se jee dans la Loir e p ar une grasse vallé e qui inter r ompt ce long
cote au. La Gr enadièr e , sise à mi-côte du r o cher , à une centaine de p as de
l’église , est un de ces vieux logis âg és de deux ou tr ois cents ans qui se
1La Gr enadièr e Chapitr e
r encontr ent en T ouraine dans chaque jolie situation. Une cassur e de r o c
a fav orisé la constr uction d’une ramp e qui ar riv e en p ente douce sur la
levée , nom donné dans le p ay s à la digue établie au bas de la côte p our
maintenir la Loir e dans son lit, et sur laquelle p asse la grande r oute de
Paris à Nantes. En haut de la ramp e est une p orte , où commence un p etit
chemin pier r eux, ménag é entr e deux ter rasses, espè ces de fortifications
g ar nies de tr eilles et d’ esp alier s, destiné es à empê cher l’éb oulement des
ter r es. Ce sentier pratiqué au pie d de la ter rasse sup érieur e , et pr esque
caché p ar les arbr es de celle qu’il cour onne , mène à la maison p ar une p ente
rapide , en laissant v oir la rivièr e dont l’étendue s’agrandit à chaque p as.
Ce chemin cr eux est ter miné p ar une se conde p orte de style g othique ,
cintré e , char g é e de quelques or nements simples mais en r uines, couv ertes de
gir oflé es sauvag es, de lier r es, de mousses et de p ariétair es. Ces plantes
indestr uctibles dé cor ent les mur s de toutes les ter rasses, d’ où elles sortent
p ar la fente des assises, en dessinant à chaque nouv elle saison de
nouv elles guirlandes de fleur s.
En franchissant cee p orte v er moulue , un p etit jardin, conquis sur le
r o cher p ar une der nièr e ter rasse dont la vieille balustrade noir e domine
toutes les autr es, offr e à la v ue son g azon or né de quelques arbr es v erts et
d’une multitude de r osier s et de fleur s. Puis, en face du p ortail, à l’autr e
e xtrémité de la ter rasse , est un p avillon de b ois appuyé sur le mur v oisin,
et dont les p ote aux sont cachés p ar des jasmins, des chè v r efeuilles, de la
vigne et des clématites. A u milieu de ce der nier jardin, s’élè v e la maison
sur un p er r on v oûté , couv ert de p ampr es, et sur le quel se tr ouv e la p orte
d’une vaste cav e cr eusé e dans le r o c. Le logis est entouré de tr eilles et de
gr enadier s en pleine ter r e , de là vient le nom donné à cee closerie . La
façade est comp osé e de deux lar g es fenêtr es sép aré es p ar une p orte
bâtarde très-r ustique , et de tr ois mansardes prises sur un toit d’une élé vation
pr o digieuse r elativ ement au p eu de hauteur du r ez-de-chaussé e . Ce toit
à deux pignons est couv ert en ardoises. Les mur s du bâtiment princip al
sont p eints en jaune ; et la p orte , les contr e v ents d’ en bas, les p er siennes
des mansardes sont v ertes.
En entrant, v ous tr ouv er ez un p etit p alier où commence un
escalier tortueux, dont le sy stème chang e à chaque tour nant ; il est en b ois
pr esque p our ri ; sa ramp e cr eusé e en for me de vis a été br unie p ar un
2La Gr enadièr e Chapitr e
long usag e . A dr oite est une vaste salle à mang er b oisé e à l’antique ,
dallé e en car r e au blanc fabriqué à Châte au-Regnault ; puis, à g auche , un
salon de p ar eille dimension, sans b oiseries, mais tendu d’un p apier aur or e
à b ordur e v erte . A ucune des deux piè ces n’ est plafonné e ; les soliv es sont
en b ois de no y er et les inter stices r emplis d’un tor chis blanc fait av e c de
la b our r e . A u pr emier étag e , il y a deux grandes chambr es dont les mur s
sont blanchis à la chaux ; les cheminé es en pier r e y sont moins richement
sculpté es que celles du r ez-de-chaussé e . T outes les ouv ertur es sont e xp
osé es au midi. A u nord il n’y a qu’une seule p orte , donnant sur les vignes
et pratiqué e der rièr e l’ escalier . A g auche de la maison, est adossé e une
constr uction en colombag e , dont les b ois sont e xtérieur ement g arantis de
la pluie et du soleil p ar des ardoises qui dessinent sur les mur s de longues
lignes bleues, dr oites ou transv er sales. La cuisine , placé e dans cee
espè ce de chaumièr e , communique intérieur ement av e c la maison, mais elle
a né anmoins une entré e p articulièr e , éle vé e de quelques mar ches, au bas
desquelles se tr ouv e un puits pr ofond, sur monté d’une p omp e champêtr e
env elopp é e de sabines, de plantes aquatiques et de hautes herb es. Cee
bâtisse ré cente pr ouv e que la Gr enadièr e était jadis un simple
vendangeoir . Les pr opriétair es y v enaient de la ville , dont elle est sép aré e p ar le
vaste lit de la Loir e , seulement p our fair e leur ré colte , ou quelque p artie
de plaisir . Ils y env o yaient dès le matin leur s pr o visions et n’y couchaient
guèr e que p endant le temps des v endang es. Mais les Anglais sont tombés
comme un nuag e de sauter elles sur la T ouraine , et il a bien fallu
compléter la Gr enadièr e p our la leur louer . Heur eusement ce mo der ne app
endice est dissimulé sous les pr emier s tilleuls d’une allé e planté e dans un
ravin au bas des vignes. Le vignoble , qui p eut av oir deux ar p ents, s’élè v e
au-dessus de la maison, et la domine entièr ement p ar une p ente si raide
qu’il est très-difficile de la gravir . A p eine y a-t-il entr e la maison et cee
colline v erdie p ar des p ampr es traînants un esp ace de cinq pie ds,
toujour s humide et fr oid, espè ce de fossé plein de vég étations vig our euses
où tomb ent, p ar les temps de pluie , les engrais de la vigne qui v ont
enrichir le sol des jardins soutenus p ar la ter rasse à balustrade . La maison
du closier char g é de fair e les façons de la vigne est adossé e au pignon de
g auche ; elle est couv erte en chaume et fait en quelque sorte le p endant
de la cuisine . La pr opriété est entouré e de mur s et d’ esp alier s ; la vigne
3La Gr enadièr e Chapitr e
est planté e d’arbr es fr uitier s de toute espè ce ; enfin p as un p ouce de ce
ter rain pré cieux n’ est p erdu p our la cultur e . Si l’homme néglig e un aride
quartier de r o che , la natur e y jee soit un figuier , soit des fleur s
champêtr es, ou quelques fraisier s abrités p ar des pier r es.
En aucun lieu du monde v ous ne r encontr eriez