La lecture à portée de main
Description
Informations
Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 54 |
EAN13 | 9782824712468 |
Licence : | Libre de droits |
Langue | Français |
Extrait
CHARLES BA U DELAI RE
LE SP LEEN DE P ARIS
BI BEBO O KCHARLES BA U DELAI RE
LE SP LEEN DE P ARIS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1246-8
BI BEBO OK
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– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.À Arsène Houssaye ¹
, je v ous env oie un p etit ouv rag e dont on ne p
ourrait p as dir e , sans injustice , qu’il n’a ni queue ni tête , puisqueM tout, au contrair e , y est à la fois tête et queue , alter nativ ement
et ré cipr o quement. Considér ez, je v ous prie , quelles admirables
commodités cee combinaison nous offr e à tous, à v ous, à moi et au le cteur . Nous
p ouv ons coup er où nous v oulons, moi ma rê v erie , v ous le manuscrit, le
le cteur sa le ctur e ; car je ne susp ends p as la v olonté rétiv e de celui-ci au fil
inter minable d’une intrigue sup erflue . Enle v ez une v ertèbr e , et les deux
mor ce aux de cee tortueuse fantaisie se r ejoindr ont sans p eine .
Hachezla en nombr eux fragments, et v ous v er r ez que chacun p eut e xister à p art.
D ans l’ esp érance que quelques-uns de ces tr onçons ser ont assez vivants
p our v ous plair e et v ous amuser , j’ ose v ous dé dier le ser p ent tout entier .
J’ai une p etite confession à v ous fair e . C’ est en feuilletant, p our la
vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit , d’ Alo y sius
Ber1. Ar sène Housset, dit Ar sène Houssay e (1815-1896), é crivain, administrateur de la
Comé die-Française , dir e cteur de L’Article et de La Presse ; dans cee publication p ar ur ent,
en 1862, vingt p oèmes en pr ose , av e c cee dé dicace .
1Le sple en de Paris Chapitr e
trand ² (un liv r e connu de v ous, de moi et de quelques-uns de nos amis,
n’a-t-il p as tous les dr oits à êtr e app elé fameux ? ) que l’idé e m’ est v enue
de tenter quelque chose d’analogue , et d’appliquer à la description de la
vie mo der ne , ou plutôt d’ une vie mo der ne et plus abstraite , le pr o cé dé
qu’il avait appliqué à la p eintur e de la vie ancienne , si étrang ement
pittor esque .
el est celui de nous qui n’a p as, dans ses jour s d’ambition, rê vé le
miracle d’une pr ose p o étique , musicale sans r ythme et sans rime , assez
souple et assez heurté e p our s’adapter aux mouv ements ly riques de l’âme ,
aux ondulations de la rê v erie , aux soubr esauts de la conscience ?
C’ est surtout de la fré quentation des villes énor mes, c’ est du cr
oisement de leur s innombrables rapp orts que naît cet idé al obsé dant. V
ousmême , mon cher ami, n’av ez-v ous p as tenté de traduir e en une chanson
le cri strident du Vitrier , et d’ e xprimer dans une pr ose ly rique toutes les
désolantes sugg estions que ce cri env oie jusqu’aux mansardes, à trav er s
les plus hautes br umes de la r ue ?
Mais, p our dir e le v rai, je crains que ma jalousie ne m’ait p as p orté
b onheur . Sitôt que j’ eus commencé le travail, je m’ap er çus que non
seulement je r estais bien loin de mon my stérieux et brillant mo dèle , mais
encor e que je faisais quelque chose (si cela p eut s’app eler quelque chose ) de
singulièr ement différ ent, accident dont tout autr e que moi s’ enor
gueillirait sans doute , mais qui ne p eut qu’humilier pr ofondément un esprit qui
r eg arde comme le plus grand honneur du p oète d’accomplir juste ce qu’il
a pr ojeté de fair e .
V otr e bien affe ctionné ,
C. B.
n
2. Louis Bertrand, dit Alo ysus Bertrand, né en 1807 et mort dans la misèr e , à l’hôpital
Ne ck er , à Paris, en 1841 ; il n’é crivit qu’un liv r e , Gaspard de la Nuit, publié en dé cembr e 1842.
2CHAP I T RE I
L’étr ang er
— i aimes-tu le mieux, homme énigmatique , dis ? ton pèr e , ta mèr e ,
ta sœur ou ton frèr e ?
— Je n’ai ni pèr e , ni mèr e , ni sœur , ni frèr e .
— T es amis ?
— V ous v ous ser v ez là d’une p ar ole dont le sens m’ est r esté jusqu’à ce
jour inconnu.
— T a p atrie ?
— J’ignor e sous quelle latitude elle est situé e .
— La b e auté ?
— Je l’aimerais v olontier s, dé esse et immortelle .
— L’ or ?
— Je le hais comme v ous haïssez Dieu.
— Eh ! qu’aimes-tu donc, e xtraordinair e étrang er ?
— J’aime les nuag es. . . les nuag es qui p assent. . . là-bas. . . là-bas. . . les
mer v eilleux nuag es !
3Le sple en de Paris Chapitr e I
n
4CHAP I T RE I I
Le désesp oir de la vieille
ratatiné e se sentit toute réjouie en v o yant ce
joli enfant à qui chacun faisait fête , à qui tout le monde v ou-L lait plair e ; ce joli êtr e , si fragile comme elle , la p etite vieille , et,
comme elle aussi, sans dents et sans che v eux.
Et elle s’appr o cha de lui, v oulant lui fair e des risees et des mines
agré ables.
Mais l’ enfant ép ouvanté se débaait sous les car esses de la b onne
femme dé crépite , et r emplissait la maison de ses glapissements.
Alor s la b onne vieille se r etira dans sa solitude éter nelle , et elle
pleurait dans un coin, se disant : – « Ah ! p our nous, malheur euses vieilles
femelles, l’âg e est p assé de plair e , même aux inno cents ; et nous faisons
hor r eur aux p etits enfants que nous v oulons aimer ! »
n
5