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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 45 |
EAN13 | 9782824710167 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
LES CHOU ANS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LES CHOU ANS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1016-7
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.LES CHOU ANS
1MONSI EU R T H ÉOD ORE D ABLI N, N ÉGO CIAN T .
A u pr emier ami, le pr emier ouv rag e .A DE BALZA C.
n
2P RÉF A CE
mon pr emier , et lent fut son succès ; je ne p ouvais
le pr otég er d’aucune manièr e , o ccup é comme je le suis de la vasteC entr eprise où il tient si p eu de place . A ujourd’hui, je ne v eux fair e
que deux r emar ques.
La Br etagne connaît le fait qui sert de base au drame ; mais ce qui se
p asse en quelques mois fut consommé en vingt-quatr e heur es. A p art cee
p o étique infidélité faite à l’histoir e , tous les é vénements de ce liv r e , même
les moindr es, sont entièr ement historiques ; quant aux descriptions, elles
sont d’une vérité minutieuse .
Le style , d’ab ord assez entortillé , hérissé de fautes, est maintenant à
l’état de p erfe ction r elativ e qui p er met à un auteur de présenter son
ouv rag e sans en êtr e p ar tr op mé content.
D es Scènes de la vie militaire que je prép ar e , c’ est la seule qui soit
ter miné e , elle présente une des faces de la guer r e civile au dix-neuvième
siè cle , celle de p artisans ; l’autr e , la guer r e civile régulièr e , sera le sujet
des V EN DÉENS.
Paris, janvier 1845.
3Les Chouans Chapitr e
n
4CHAP I T RE I
L’EMBUSCADE
jour s de l’an V I I I, au commencement de v
endémiair e , ou, p our se confor mer au calendrier actuel, v er s la finD du mois de septembr e 1799, une centaine de p ay sans et un assez
grand nombr e de b our g e ois, p artis le matin de Fougèr es p our se r endr e
à May enne , gravissaient la montagne de la Pèlerine , situé e à mi-chemin
envir on de Fougèr es à Er né e , p etite ville où les v o yag eur s ont coutume
de se r ep oser . Ce détachement, divisé en gr oup es plus ou moins
nombr eux, offrait une colle ction de costumes si bizar r es et une réunion
d’individus app artenant à des lo calités ou à des pr ofessions si div er ses, qu’il
ne sera p as inutile de dé crir e leur s différ ences caractéristiques p our
donner à cee histoir e les couleur s viv es aux quelles on met tant de prix
aujourd’hui ; quoique , selon certains critiques, elles nuisent à la p eintur e
des sentiments.
elques-uns des p ay sans, et c’était le plus grand nombr e , allaient
pie ds nus, ayant p our tout vêtement une grande p e au de chè v r e qui les
5Les Chouans Chapitr e I
couv rait depuis le col jusqu’aux g enoux, et un p antalon de toile blanche
très-gr ossièr e , dont le fil mal tondu accusait l’incurie industrielle du p ay s.
Les mè ches plates de leur s longs che v eux s’unissaient si habituellement
aux p oils de la p e au de chè v r e et cachaient si complétement leur s visag es
baissés v er s la ter r e , qu’ on p ouvait facilement pr endr e cee p e au p our la
leur , et confondr e , à la pr emièr e v ue , ces malheur eux av e c les animaux
dont les dép ouilles leur ser vaient de vêtement. Mais à trav er s ces che v eux
l’ on v o yait bientôt briller leur s y eux comme des g oues de r osé e dans une
ép aisse v erdur e ; et leur s r eg ards, tout en annonçant l’intellig ence
humaine , causaient certainement plus de ter r eur que de plaisir . Leur s têtes
étaient sur monté es d’une sale to que en laine r oug e , semblable à ce b onnet
phr y gien que la République adoptait alor s comme emblème de la lib erté .
T ous avaient sur l’ép aule un gr os bâton de chêne noueux, au b out duquel
p endait un long bissac de toile , p eu g ar ni. D’autr es p ortaient, p ar-dessus
leur b onnet, un gr ossier chap e au de feutr e à lar g es b ords et or né d’une
espè ce de chenille en laine de div er ses couleur s qui en entourait la for me .
Ceux-ci, entièr ement vêtus de la même toile dont étaient faits les p
antalons et les bissacs des pr emier s, n’ offraient pr esque rien dans leur costume
qui app artînt à la civilisation nouv elle . Leur s longs che v eux r etombaient
sur le collet d’une v este r onde à p etites p o ches latérales et car ré es qui
n’allait que jusqu’aux hanches, vêtement p articulier aux p ay sans de l’Ouest.
Sous cee v este ouv erte on distinguait un gilet de m ême toile , à gr os b
outons. elques-uns d’ entr e eux mar chaient av e c des sab ots ; tandis que ,
p ar é conomie , d’autr es tenaient leur s soulier s à la main. Ce costume , sali
p ar un long usag e , noir ci p ar la sueur ou p ar la p oussièr e , et moins
original que le pré cé dent, avait p our mérite historique de ser vir de transition
à l’habillement pr esque somptueux de quelques hommes qui, disp er sés
çà et là , au milieu de la tr oup e , y brillaient comme des fleur s. En effet,
leur s p antalons de toile bleue , leur s gilets r oug es ou jaunes or nés de deux
rang é es de b outons de cuiv r e p arallèles, et semblables à des cuirasses
carré es, tranchaient aussi viv ement sur les vêtements blancs et les p e aux de
leur s comp agnons, que des bluets et des co quelicots dans un champ de
blé . elques-uns étaient chaussés av e c ces sab ots que les p ay sans de
la Br etagne sav ent fair e eux-mêmes ; mais pr esque tous avaient de gr os
soulier s fer rés et des habits de drap fort gr ossier , taillés comme les
an6Les Chouans Chapitr e I
ciens habits français, dont la for me est encor e r eligieusement g ardé e p ar
nos p ay sans. Le col de leur chemise était aaché p ar des b outons d’ar g ent
qui figuraient ou des cœur s ou des ancr es. Enfin, leur s bissacs p araissaient
mieux four nis que ne l’étaient ceux de leur s comp agnons ; puis, plusieur s
d’ entr e eux joignaient à leur é quip ag e de r oute une g ourde sans doute
pleine d’ e au-de-vie , et susp endue p ar une ficelle à leur cou. elques
citadins app araissaient au milieu de ces hommes à demi sauvag es, comme
p our mar quer le der nier ter me de la civilisation de ces contré es. Coiffés
de chap e aux r onds, de claques ou de casquees, ayant des b oes à r
ev er s ou des soulier s maintenus p ar des guêtr es, ils présentaient comme
les p ay sans des différ ences r emar quables dans leur s costumes. Une
dizaine d’ entr e eux p ortaient cee v este républicaine connue sous le nom
de car magnole . D’autr es, de riches artisans sans doute , étaient vêtus de
la tête aux pie ds en drap de la même couleur . Les plus r e cher chés dans
leur mise se distinguaient p ar des fracs et des r e ding otes de drap bleu
ou v ert plus ou moins râp é . Ceux-là , véritables p er sonnag es, p ortaient
des b oes de div er ses for mes, et badinaient av e c de gr osses cannes en
g ens qui font contr e fortune b on cœur . elques têtes soigneusement
p oudré es, des queues assez bien tr essé es annonçaient cee espè ce de r
echer che que nous inspir e un commencement de fortune ou d’é ducation.
En considérant ces hommes étonnés de se v oir ensemble , et
ramassés comme au hasard, on eût dit la p opulation d’un b our g chassé e de ses
fo y er s p ar un incendie . Mais l’ép o que et les lieux donnaient un tout autr e
intérêt à cee masse d’hommes. Un obser vateur initié aux se cr ets des
discordes civil