La lecture à portée de main
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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 39 |
EAN13 | 9782824710488 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
Z. MARCAS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
Z. MARCAS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1048-8
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.Z. MARCAS
A MONSEIGN EU R LE COMT E GU I LLA UME DE
W U RT EMBERG,
Comme une mar que de la r esp e ctueuse gratitude de l’auteur .
DE BALZA C.
’ v u p er sonne , en compr enant même les hommes r
emar quables de ce temps, dont l’asp e ct fût plus saisissant que ce-J lui de cet homme ; l’étude de sa phy sionomie inspirait d’ab ord
un sentiment plein de mélancolie , et finissait p ar donner une sensation
pr esque doulour euse . Il e xistait une certaine har monie entr e la p er sonne
et le nom. Ce Z qui pré cé dait Mar cas, qui se v o yait sur l’adr esse de ses
ler es, et qu’il n’ oubliait jamais dans sa signatur e , cee der nièr e ler e de
l’alphab et offrait à l’ esprit je ne sais quoi de fatal.
MARCAS ! Rép étez-v ous à v ous-même ce nom comp osé de deux
syllab es, n’y tr ouv ez-v ous p as une sinistr e signifiance ? Ne v ous
semble-til p as que l’homme qui le p orte doiv e êtr e marty risé ? oique étrang e
et sauvag e , ce nom a p ourtant le dr oit d’aller à la p ostérité ; il est bien
comp osé , il se pr ononce facilement, il a cee briè v eté v oulue p our les
noms célèbr es. N’ est-il p as aussi doux qu’il est bizar r e ? mais aussi ne
1Z. Mar cas Chapitr e
v ous p araît-il p as inache vé ? Je ne v oudrais p as pr endr e sur moi
d’affirmer que les noms n’ e x er cent aucune influence sur la destiné e . Entr e les
faits de la vie et le nom des hommes, il est de se crètes et d’ine xplicables
concordances ou des désaccords visibles qui sur pr ennent ; souv ent des
cor rélations lointaines, mais efficaces, s’y sont ré vélé es. Notr e glob e est
plein, tout s’y tient. Peut-êtr e r e viendra-t-on quelque jour aux Sciences
O ccultes.
Ne v o y ez-v ous p as dans la constr uction du Z une allur e contrarié e ?
ne figur e-t-elle p as le zigzag alé atoir e et fantasque d’une vie tour menté e ?
el v ent a soufflé sur cee ler e qui, dans chaque langue où elle est
admise , commande à p eine à cinquante mots ? Mar cas s’app elait Zéphirin.
Saint Zéphirin est très-vénéré en Br etagne . Mar cas était Br eton.
Ex aminez encor e ce nom : Z. Mar cas ! T oute la vie de l’homme est
dans l’assemblag e fantastique de ces sept ler es. Sept ! le plus significatif
des nombr es cabalistiques. L’homme est mort à tr ente-cinq ans, ainsi sa
vie a été comp osé e de sept lustr es. Mar cas ! N’av ez-v ous p as l’idé e de
quelque chose de pré cieux qui se brise p ar une chute , av e c ou sans br uit ?
J’ache vais mon dr oit en 1836, à Paris. Je demeurais alor s r ue Cor neille ,
dans un hôtel entièr ement destiné à log er des étudiants, un de ces hôtels
où l’ escalier tour ne au fond, é clairé d’ab ord p ar la r ue , puis p ar des jour s
de souffrance , enfin p ar un châssis. Il y avait quarante chambr es meublé es
comme se m eublent les chambr es destiné es à des étudiants. e faut-il à
la jeunesse de plus que ce qui s’y t r ouvait : un lit, quelques chaises, une
commo de , une glace et une table ? A ussitôt que le ciel est bleu, l’étudiant
ouv r e sa fenêtr e . Mais dans cee r ue il n’y a p oint de v oisine à courtiser .
En face , l’O dé on, fer mé depuis long-temps, opp ose au r eg ard ses mur s
qui commencent à noir cir , les p etites fenêtr es de ses log es et son vaste
toit d’ardoises. Je n’étais p as assez riche p our av oir une b elle chambr e , je
ne p ouvais même p as av oir une chambr e . Juste et moi, nous en p artagions
une à deux lits, situé e au cinquième étag e .
D e ce côté de l’ escalier , il n’y avait que notr e chambr e et une autr e p
etite o ccup é e p ar Z. Mar cas, notr e v oisin. Juste et moi, nous r estâmes
envir on six mois dans une ignorance complète de ce v oisinag e . Une vieille
femme qui g érait l’hôtel nous avait bien dit que la p etite chambr e était
o ccup é e , mais elle avait ajouté que nous ne serions p oint tr oublés, la p
er2Z. Mar cas Chapitr e
sonne étant e x cessiv ement tranquille . En effet, p endant six mois, nous ne
r encontrâmes p oint notr e v oisin et nous n’ entendîmes aucun br uit chez
lui, malgré le p eu d’ép aisseur de la cloison qui nous sép arait, et qui était
une de ces cloisons faites en laes et enduites en plâtr e , si communes
dans les maisons de Paris.
Notr e chambr e , haute de sept pie ds, était tendue d’un mé chant p
etit p apier bleu semé de b ouquets. Le car r e au, mis en couleur , ignorait le
lustr e qu’y donnent les fr oeur s. Nous n’avions de vant nos lits qu’un
maigr e tapis en lisièr e . La cheminé e déb ouchait tr op pr omptement sur
le toit, et fumait tant que nous fûmes for cés de fair e mer e une gueule
de loup à nos frais. Nos lits étaient des couchees en b ois p eint,
semblables à celles des collég es. Il n’y avait jamais sur la cheminé e que deux
chandelier s de cuiv r e , av e c ou sans chandelles, nos deux pip es, du tabac
ép ar pillé ou en sac ; puis, les p etits tas de cendr e que dép osaient les
visiteur s ou que nous amassions nous-mêmes en fumant des cig ar es. D eux
ride aux de calicot glissaient sur des tringles à la fenêtr e , de chaque côté
de laquelle p endaient deux p etits cor ps de bibliothè que en b ois de
merisier que connaissent tous ceux qui ont flâné dans le quartier latin, et où
nous meions le p eu de liv r es né cessair es à nos études. L’ encr e était
toujour s dans l’ encrier comme de la lav e fig é e dans le cratèr e d’un v olcan.
T out encrier ne p eut-il p as, aujourd’hui, de v enir un V ésuv e ? Les plumes
tortillé es ser vaient à neo y er la cheminé e de nos pip es. Contrair ement
aux lois du cré dit, le p apier était chez nous encor e plus rar e que l’ar g ent.
Comment espèr e-t-on fair e r ester les jeunes g ens dans de p ar eils
hôtels g ar nis ? A ussi les étudiants étudient-ils dans les cafés, au théâtr e ,
dans les allé es du Lux emb our g, chez les grisees, p artout, même à l’École
de Dr oit, e x cepté dans leur hor rible chambr e , hor rible s’il s’agit
d’étudier , char mante dès qu’ on y babille et qu’ on y fume . Meez une napp e
sur cee table , v o y ez-y le dîner impr o visé qu’ env oie le meilleur r
estaurateur du quartier , quatr e couv erts et deux filles, faites lithographier cee
v ue d’intérieur , une dé v ote ne p eut s’ empê cher d’y sourir e .
Nous ne p ensions qu’à nous amuser . La raison de nos désordr es était
une raison prise dans ce que la p olitique actuelle a de plus sérieux. Juste
et moi, nous n’ap er ce vions aucune place à pr endr e dans les deux pr
ofessions que nos p ar ents nous for çaient d’ embrasser . Il y a cent av o cats, cent
3Z. Mar cas Chapitr e
mé de cins p our un. La foule obstr ue ces deux v oies, qui semblent mener à
la fortune et qui sont deux arènes : on s’y tue , on s’y combat, non p oint
à l’ar me blanche ni à l’ar me à feu, mais p ar l’intrigue et la calomnie , p ar
d’hor ribles travaux, p ar des camp agnes dans le domaine de l