’Amérique n’a jamais été aussi indécise, divisée au deLson gouvernement, du regard de sa politique étrangère, qu’il s’agisse Congrès, du commandement militaire ou de son opinion pu blique. Au cur des divergences plane la question du retrait mili taire d’Irak: to stay or not to stay ? (rester ou ne pas rester ?). Ce dilemme n’est pas sans rappe ler celui d’Hamlet, le personnage éponyme de la tragédie de Wil liam Shakespeare. Toutefois, pour George Bush, l’heure n’est pas au changement de stratégie : le général David Pe traeus, qui commande les trou pes américaines en Irak, préconi se une « réduction » graduelle et limitée des renforts jusqu’à re trouver, à l’été 2008, le nombre antérieur de 130000 hommes. Pourtant, le « surge » c’estàdi re la stratégie du renfort n’a pas rempli son objectif principal, à savoir permettre une réconci liation politique entre les communautés en Irak et les diri geants au pouvoir. L’impasse stratégique est ma nifeste. Elle s’alimente et se complique par la conjonction de quatre contradictions majeures. La première peut s’appeler le « piègede la rhétorique» :les « succès » et les « progrès » avan cés par le président américain vi sent à rallier l’opinion publique à sa politique et à lui conserver le soutien de son parti. Or, George Bush, contraint par le Congrès d’apporter les preuves des pro grès affichés depuis le renfort des troupes en Irak, se voit en réalité opposer le bilan des li mites de sa propre politique, par un effet boomerang. Deuxième contradiction: la priorité accordée aux objectifs militaires d’ordre tactique au dé triment d’avancées politiques et de vision stratégique pour l’Irak. Lorsque les objectifs à long ter me sont incertains et flous
Irak, septembre 2007.George Bush et David Petraeus (au centre) dans une « impasse stratégique »
hier la « démocratisation », au jourd’hui la «guerre contre le terrorisme » , ce sont les opéra tions militaires qui priment, alors qu’elles devraient essentiel lement appuyer les efforts de re construction et de réconciliation politique. Les entrepreneurs de violence, qu’il s’agisse de l’insurrection sunnite, des milices chiites ou de la branche alQaida en Irak, cher chent tous à exploiter cette contradiction à leur avantage, de façon à contraindre les troupes américaines à agir dans l’urgen ce et à retarder le retour à la paix. Troisième écueil : ce que l’ad ministration Bush nomme « ap proche ascendante de la réconci l i a t i o n» (« bo t t o m u p reconciliation ») aboutit à un pa radoxe. À défaut de compromis entre dirigeants au pouvoir en Irak, le président Bush mise sur
le rééquilibrage des rapports de force entre chiites et sunnites aux niveaux local et provincial, en capitalisant notamment sur les initiatives de certaines tribus sunnites pour lutter contre al Qaida. Mais cette réconciliation « bottomup » est impossible sans des réformes politiques préala bles au sommet, qui puissent en courager ces initiatives: ces deux processus, qui sont intrin sèquement complémentaires, ne peuvent être dissociés. Or c’est justement ce que fait actuelle ment la stratégie américaine en Irak. Quatrième problème enfin : le décalage temporel entre Was hington et Bagdad. Le temps po litique avance plus vite aux États Unis, sous la pression de l’opposi tion interne et des enjeux de la campagne présidentielle de 2008, et se traduit par la volonté des opposants à l’escalade mili
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taire de voir des résultats rapides (« quick wins ») en Irak. Le géné ral Petraeus tente ainsi de «ra lentir l’horloge de Washington » en raison de l’insécurité, des ten sions intercommunautaires et de l’ingérence des pays voisins en Irak qui freinent le premier mi nistre alMaliki dans sa mise en uvre des réformes politicosé curitaires souhaitées par le Congrès américain. La question du « sens » de l’ac tion américaine en Irak est plus que jamais posée et les débats en cours à Washington en sont l’ex pression. Paradoxalement, le gouvernement irakien et même les plus fervents partisans du re trait militaire américain les « sadristes » sont conscients de la nécessité de maintenir les troupes américaines à moyen terme, l’armée irakienne n’étant pas prête, pour le moment, à as surer la sécurité du pays.
Revue de presse (CORÉE DU SUD)(LONDRES) (LONDRES) Cela s’appelle «Les Gouttes deDans l’Empire du Milieu, le vin,La classe moyenne indienne n’a L’Asie folle Dieu » et c’est le titre d’un mangasurtout s’il est français, reste l’apajamais consommé autant de vins japonais qui fait fureur en Corée.nagedesbranchésetdesélites, mêqu’aujourd’hui. « Dans ce pays où de vin Ce livre (dont le héros doit réme si la consommation de cet alon l’associe au gin, au tonic et à la soudre douze énigmes nologicool produit localement progressebière Cobra, le vin, signe d’em ques) a déclenché un engouelentement et sûrement. Et pourbourgeoisement, voit ses ventes En Inde, Chine et Corée ment sans précédent pour le vincause, raconte le Ftchinese.com :progresser de 34% par an», ex du Sud, l’émergence deen Corée du Sud. 49 grands crus« Tous les grands restaurants hupplique « The Daily Telegraph ». La français y sont cités ou leurs boupés de Shanghai organisent chaconsommation dépasse désor classes moyennes aux teilles dessinées, dont 19borque semaine des dégustations demais les 7 millions de cols par an. styles de vie occidentalisés deaux qui se taillent au fil desvins de toutes sortes et venus duSi on rapporte ce chiffre au mil dopent la consommation pages la part du lion : on y croimonde entier. Certaines sont graliard d’habitants que compte l’In du vinse ainsi châteaulagrange, moutuites, d’autres coûtent 100 yuansde, cela ne représente qu’une de tonrothschild, châteaulatour,(10 euros) pour cinq verres. » Cesmicuillerée à café par personne. missionhautbrion ou eyquem!séances d’initiation surfent surPas grandchose comparé au 20 li « L’influence de ce manga est tel« l’avènement de nouvelles classestres par tête dont se targue le que les crus mentionnés dans lamoyennes chinoises». RestentRoyaumeUni. Mais, même si la BD se vendent à des prix très éledeux blocages : la langue et, surproportion d’amateurs de vin de vés voire sont devenus difficiles àtout, le système de goûts propre àmeure modeste, il s’agit d’une ré trouver sur le marché », indiqueLà où la cuisine oc! «la Chine». Les jeunesvolution culturelle le «Maeil Kyongje», quotidiencidentale repose sur des fondaIndiens salariés des multinatio À lire sur Internet sudcoréen. Dans ce pays, les venmentaux comme le fromage, lanales se familiarisent avec le vin La presse étrangère est consultable tes de vin augmentent de 20%viande de buf ou l’huile d’olive,pour ne pas se trouver dans des si sur courrierinternational.comchaque année et représententla cuisine chinoise et les Chinoistuations embarrassantes lors des ■ thedailyworldpress.com400 milliards de wons (300).plébiscitent le sucré. »repas d’affaires, assurentils. ■
Sud Ouest Dimanche Y 13 Dimanche 23 septembre 2007
(1) Alexandra de H o o pS c h e f f e r e s tp o l i t o l o g u e s p é c i a l i s t ed e s ÉtatsUnis et de la r e c o n s t r u c t i o n p o s t c o n f l i te n Irak. Elle est ensei gnante à Sciences Po Paris et cher cheur associé au Centre d’études et de recherches in ternationales (Ce ri) et au Centre d’études en scien ces sociales de la défense (C2SD). Elle vient de pu blier «Hamlet en Irak »(CNRS édi tions, 18 euros).
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