o o553(2013-2014)—N 1 553(2013-2014)—N 1 PARLEMENT DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE Session2013-2014 24OCTOBRE2013 PROJETDEDÉCRET RELATIF AUX CENTRES CULTURELS o553 (2013-2014) — N 1 ( 2 ) RÉSUMÉ Plus de vingt ans après son adoption, le dé- Dans cette perspective, le projet d’action cret du 28 juillet 1992 fixant les conditions de re- culturelle des centres culturels devra se construire connaissanceetdesubvention descentresculturels sur base d’une analyse partagée du territoire, mise apparaissait obsolète à bien des égards. en œuvre avec les acteurs culturels présents et ac- tifs sur le territoire couvert par le centre culturel. Le Gouvernement de la Fédération Wallonie- Bruxelles s’est donné le temps de la réflexion et La reconnaissance portera sur l’action cultu- de l’analyse, en étroite concertation avec le sec- relle déployée par le centre culturel.L’action cultu- teur des centres culturels. Les faiblesses du décret relle générale assurera un service universel de la actuel ont été finement examinées. Il en est ressorti culture sur le territoire couvert. C’est la mission de divers enseignements, qui ont été traduits dans le base confiée à tout centre culturel, tenant compte dispositif du présent projet de décret rédigé, lui des réalités (notamment culturelles) du territoire aussi, en collaboration avec les représentants sec- et des populations qui y vivent. A l’action cultu- toriels.
Plus de vingt ans après son adoption, le dé cret du 28 juillet 1992 fixant les conditions de re connaissance et de subvention des centres culturels apparaissait obsolète à bien des égards.
Le Gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles s’est donné le temps de la réflexion et de l’analyse, en étroite concertation avec le sec teur des centres culturels. Les faiblesses du décret actuel ont été finement examinées. Il en est ressorti divers enseignements, qui ont été traduits dans le dispositif du présent projet de décret rédigé, lui aussi, en collaboration avec les représentants sec toriels.
L’objectif premier du projet de décret est de conforter les centres culturels comme pierre an gulaire de la politique culturelle de la Fédération WallonieBruxelles, contribuant à l’émancipation individuelle et collective des populations d’un ter ritoire. Pour y parvenir, le décret élargit le champ d’action des centres culturels, en leur confiant la mission de contribuer à l’exercice du droit à la culture des populations.
Le centre culturel est défini comme un lieu de réflexion, de mobilisation et d’action culturelle par, pour et avec les populations, les acteurs insti tutionnels et les acteurs associatifs d’un territoire.
Dans cette perspective, le projet d’action culturelle des centres culturels devra se construire sur base d’une analyse partagée du territoire, mise en œuvre avec les acteurs culturels présents et ac tifs sur le territoire couvert par le centre culturel. La reconnaissance portera sur l’action cultu relle déployée par le centre culturel. L’action cultu relle générale assurera un service universel de la culture sur le territoire couvert. C’est la mission de base confiée à tout centre culturel, tenant compte des réalités (notamment culturelles) du territoire et des populations qui y vivent. A l’action cultu relle générale peuvent s’adjoindre, si besoin est, une action culturelle intensifiée, une action cultu relle spécialisée et/ou une action culturelle spécia lisée de diffusion des arts de la scène. La ou les actions culturelles confiées sont ins crites dans un contratprogramme quinquennal conclu entre le centre culturel, la ou les collecti vités publiques associées et le Gouvernement de la Fédération WallonieBruxelles.
Il s’agit au final de rencontrer les besoins et aspirations des citoyens qui vivent en Fédération WallonieBruxelles, en tenant compte des spécifi cités de leur territoire.
Décret du 28 juillet 1992 fixant les conditions de reconnaissance et de subvention des centres culturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Arrêté royal du 5 août 1970 établissant les conditions d’agréation et d’octroi de subven tions aux Maisons de la Culture et au Foyers culturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
P DR O JE T É C R E T R E D U X C E L AT IF A U LT U R E L S E N T R E S C38 CHAPITRE I Dispositions générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 SECTION I Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
1 Introductiontrouve notamment à s’appliquer par la pos sibilité offerte au centre culturel de solliciter la reconnaissance d’une action culturelle spé Vingt années se sont écoulées depuis l’adop cialisée. Ce faisant, les centres culturels déve tion du décret du 28 juillet 1992 fixant les condi loppent ainsi leur accès aux domaines artis tions de reconnaissance et de subvention des tiques et éducatifs. centres culturels. Au cours de ces deux décennies, le pay Afin de concevoir des règles de droit qui soient sage culturel s’est profondément transformé, tout en phase avec les réalités des centres culturels, la comme l’environnement institutionnel, social et réflexion s’est menée en étroite concertation avec économique. des représentants du secteur. Le présent projet de Pourtant, malgré ces évolutions profondes, les décret est le résultat de ces échanges, débats et centres culturels demeurent à n’en pas douter éclairages mutuels. la pierre angulaire de la politique culturelle de la Que les participants actifs à cette réflexion Fédération WallonieBruxelles. soient ici sincèrement et chaleureusement remer Les objectifs de démocratisation de la culture ciés. et de démocratie culturelle, à l’origine de l’appa rition puis du développement et de la structura tion des centres culturels, soutenus par l’Etat, res 2 Historique tent d’une indéniable actualité. Ils s’intègrent dé sormais dans une volonté forte de concrétiser, au 2.1 Origine des centres culturels bénéfice de tout citoyen, l’exercice réel du droit à la culture. Jusqu’au début des années 1960, l’action pu Il appartenait dès lors au législateur de re blique de l’Etat belge dans le champ culturel re penser les missions confiées aux centres culturels, levait pour l’essentiel soit de soutiens à des insti leurs modes de subventionnement, leurs méthodes tutions particulières (telles que l’Académie royale de travail et les processus participatifs inhérents des sciences, des lettres et des beauxarts, l’Acadé aux principes énoncés ciavant. miede langue et de littérature françaises, le Palais des beauxarts de Bruxelles, le Théâtre national Le dispositif du présent projet de décret re de Belgique, etc.), soit de l’école, soit d’initiatives latif aux centres culturels s’inscrit en effet dans privées, soit du bénévolat. Hormis le soutien aux la longue et continue progression d’un droit à la « œuvres complémentaires de l’école »(1) et aux culture sans cesse davantage considéré comme un bibliothèques publiques(2), l’implication de l’Etat, véritable droitcréance : en tant que tel, était quasiment inexistante. o Tout au long de la décennie 1960, les ministres 1 Les normes inscrites dans le décret en prépa de la Culture successifs vont chercher« à dépas ration permettent en premier lieu à tout indi ser les limites de l’action culturelle publique me vidu de participer activement à la définition née jusqu’alors, tant au niveau des objectifs que et à la mise en œuvre du projet porté par le des moyens, et à concevoir ainsi, pour la première centre culturel. Le principe d’une « analyse fois, une véritable politique culturelle globale »(3). partagée » des enjeux culturels, sociaux, éco nomiques, environnementaux sur le territoire Le premier acte préfigurant le développement en est la concrétisation marquante. d’une politique culturelle globale date de 1958, o 2 Les dispositions contenues dans le projet de lorsque le Gouvernement Eyskens comprendra en décret assurent ensuite le droit pour cha son sein, outre un ministre chargé de l’Instruc cun d’accéder aux biens et services culturels. tion publique, un poste de ministre des Affaires Cette fonction de démocratisation de la culture culturelles. Diverses formules se succéderont par (1) Arrêté royal du 5 septembre 1921 relatif à la détermination des conditions générales d’octroi de subventions aux œuvres complémentaires de l’école. (2) Loi du 17 octobre 1921 relative aux bibliothèques publiques. (3) Hugues Dumont, Le pluralisme idéologique et l’autonomie culturelle en droit public belge, volume 1 : de 1830 à 1970, Publi cations des facultés universitaires SaintLouis, 1996, pp. 325 et 326.
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la suite mais le principe d’un poste ministériel dé dès lors que l’on renforce à la fois la décentrali dicacé à la culture ne sera plus remis en question. sation et la démocratisation afin de concrétiser un droit d’accès aux biens culturels. En 1965, l’Etat belge se dote d’un Ministère de la Culture. Il comprend deux départements : la di A ces objectifs d’accès aux biens culturels, vision « Arts et Lettres » et la division « Jeunesse s’ajoute à partir de 1969 le «droit d’accès à une et Loisirs ». Dans la foulée, en 1968, le gouvercitoyenneté active dans tous les domaines»(7). nement comprend deux ministres de la Culture : Marcel Hicter, directeur général de la Jeu l’un pour la Culture française, l’autre pour la nesse et des Loisirs du Ministère de l’Education Culture néerlandaise. Les gouvernements succes nationale et de la Culture française, est consi sifs conserveront ces deux ministres de la Culture déré comme l’un des pères fondateurs de ce pan jusqu’à la mise en place des exécutifs de commu de la politique culturelle. Il plaide avec force en nautés et de régions en 1980. faveur de l’instauration d’une démocratie cultu A cette époque, l’adoption d’une politique relle : «L a politique culturelle, même celle qui culturelle globale et autonome s’impose en raisons’appelle éducation populaire, favorise – exclusi de plusieurs éléments :vement en fait – les déjà favorisés de l’instruction. Nous n’avons pas encore, même dans notre fer vente politique de démocratisation de la culture, — D’une part, la perte de lien social causée par le abordé les vrais handicaps ; les crédits populaires développement industriel conduit l’Etat à sou ont été dévorés ailleurs. C’est pourquoi ne me pa tenir diverses formes d’action culturelle, espé raissent pas se tromper ceux qui passent d’une po rant parlà favoriser la cohésion et la convivia litique de démocratisation culturelle à une poli lité entre citoyens. Le ministre de la Culture tique de démocratie culturelle dont l’objectif est de Pierre Wigny écrira ainsi : a culture est d’au« L permettre aux milieux populaires de faire advenir tant plus nécessaire qu’elle doit servir d’an leur propre culture.»(8) tidote à un travail, qui, pour beaucoup, se déshumanise. » Cette démocratie culturelle «consiste à consi dérer la culture non plus comme objet de consom — D’autre part, l’augmentation du temps consa mation (même intelligente) mais comme terrain cré aux loisirs, conséquence de la réduction du social de participation ; l’attitude passive, ‘récepti temps de travail, demande que l’on propose ve’ devant des ‘œuvres’ ou devant les créations ac aux individus des occupations pour ce « temps tuelles, doit faire place à la critique en groupes, à libre », et notamment des loisirs culturels :« il des activités, par quelque côté, opératives et créa faut apporter les bienfaits de la culture à l’en trices, ainsi qu’au déclenchement d’expressions semble de la population, la culture aujourd’hui personnelles par des actes culturels ou, au moins, à recouvrant non seulement les arts et lettres, les propos des productions culturelles ; c’est ici que la musées, les monuments et les sites, mais aussi politique se fonde sur l’ ‘animation’, car il s’agit de les programmes de divertissement et d’infor faire ressurgir les motivations inhibées et refoulées mation de la radio et de la télévision, la pra dont la culture élitiste de classe et la consomma tique des arts en amateurs, l’éducation phy tion passive de la culture, ont bloqué l’élan.»(9) sique, les sports, la vie en plein air et toutes les formes de loisirs sociaux. »(4) 2.2 Plan quinquennal de politique culturelle Selon Vincent De Coorebyter, «la culture de vient ainsi, au cours de cette décennie, un véritableSous la direction du ministre de la Culture enjeu politique»(5). française,Wigny, le tout récent Ministère de Pierre la Culture publie en 1968 un « Plan quinquennal La culture est alors réputée «nécessaire et de politique culturelle » (10), dont le livre premier bienfaisante pour tous»(6), ce qui suppose que concerne les centres culturels et les centres spor l’on veille à garantir à chacun d’y accéder, sans dis tifs. tinction d’âge, de sexe, de classe sociale, de niveau d’instruction ou de lieu d’habitation. Réussir cette S’il existait, avant ce plan, diverses initiatives ambition d’accès de tous à la culture impliquait qui préfiguraient les centres culturels, elles étaient (4) Hugues Dumont,op. cit., p. 329. (5) Vincent De Coorebyter, Les centres culturels dans la Communauté française de Belgique, CRISP, 1988, p. 19. (6) Vincent De Coorebyter, op. cit., p. 19. (7) Hugues Dumont, op cit., p. 331. (8) Marcel Hicter, Politiques et dépenses culturelles, Cahiers JEB, 1976/1, p. 8. (9) Henri Janne, L’animation socioculturelle, espace d’affrontement idéologique, cité par Hugues Dumont, op. cit., p. 333. (10) Pierre Wigny,Plan quinquennal de politique culturelle, Ministère de la Culture française, 1968, Bruxelles.
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d’initiative locale (communale ou provinciale) et ne s’inscrivaient pas dans une réflexion globale. Dès 1921, par exemple, la Maison des loisirs de l’ouvrier avait été créée à Seraing par la province de Liège afin d’organiser des séances éducatives en faveur de la classe ouvrière et de créer un centre d’émancipation. Le plan du ministre Wigny entend proposer un dispositif général en faveur des centres culturels. L’influence française y est manifeste. Dès 1959, la France s’était dotée à l’initiative de son ministre de la Culture, André Malraux, de « mai sons de la culture ». Toutefois, le plan quinquennal du ministre Wi gny précise d’emblée que la notion de centre cultu rel a une signification plus large qu’en France : « D ans ce dernier pays, les ‘Maisons de la Culture’ sont des Palais des B eauxArts où des professionnels offrent au public des manifesta tions de très haute qualité. L es maisons des jeunes et autres institutions d’éducation populaire y sont indépendantes des maisons de la Culture et re lèvent d’autres administrations. E n B elgique, tous ces organismes relèvent du D épartement de la Culture, et on peut croire qu’il y a un grand in térêt à coordonner leur action. [. . .] L e réseau des centres culturels doit avoir dans notre pays des mailles assez serrées. »(11)
Plus loin, on peut lire :
« Il faut d’abord préciser le concept de centre culturel en tenant compte de la réalité belge. [. . .] Positivement, les centres culturels – avec la si gnification accordée à ce terme – doivent remplir un double rôle : o 1favoriser la production culturelle des profes sionnels et sa diffusion ; o 2la participation active de la populationfaciliter à des manifestations culturelles et développer les talents des amateurs. »(12) Le plan Wigny confie donc comme première mission aux centres culturels la production cultu relle. Il précise que« les centres culturels doivent mettre les manifestations artistiques ou scienti fiques du niveau le plus élevé à la portée de tous, sans que personne soit arrêté par des barrières fi nancières, sociales ou psychologiques». Le déve loppement des centres culturels répond donc, en premier lieu, à une volonté de démocratisation de la culture.
Les centres culturels poursuivent une seconde mission :« ils doivent favoriser l’initiation et la participation active de la population à la vie cultu relle ». Il s’agit ici de l’ébauche du concept de dé mocratie culturelle. Une fois les missions établies, le plan Wigny définit les catégories de centres culturels. Il en identifie trois : o 1 Les« Maisons de la Culture »sont des centres culturels« de premier niveau »bé néficiant d’une infrastructure leur permettant d’accueillir des orchestres symphoniques, des pièces de théâtre et, plus généralement, des « grands spectacles ».« Pour la région wal lonne(13), il semble raisonnable de s’arrêter au nombre de sept centres culturels de premier ni veau » précise le plan. o 2 « Il faut prévoir pour la région wallonne une vingtaine de centres moins importants, qui re cevront l’appellation de ‘Centres Culturels ré gionaux’. » Ils axeront leur travail sur la par ticipation active et assureront la diffusion des créations produites dans les Maisons de la Culture. o 3 « Le terme ‘Foyers Culturels’ sera réservé aux équipements culturels locaux réalisés dans les communes importantes ou dans les quartiers des grandes villes et [. . .] seront centrés sur l’initiation culturelle et la participation active de la population. »
2.3
Arrêté royal du 5 août 1970 établissant les conditions d’agréation et d’octroi de subven tions aux Maisons de la Culture et au Foyers culturels
La traduction réglementaire de la volonté ex primée dans le Plan quinquennal de politique culturelle sera coulée dans l’arrêté royal du 5 août 1970 établissant les conditions d’agréation et d’octroi de subventions aux Maisons de la Culture et au Foyers culturels. La volonté de démocratisation de la culture est exprimée dès la première phrase du Rapport au Roi, précédent le dispositif de l’arrêté. Il y est indiqué que : « L e présent arrêté a pour but de mettre à la disposition de tous les instruments adéquats d’une politique concertée de développement culturel. »
(11) Pierre Wigny, op. cit., p. 11. (12) Pierre Wigny, op. cit., p. 19. (13) Le Plan quinquennal datant de 1968, le Ministre de la Culture française est en charge du territoire qui deviendra ultérieurement la Région wallonne (recouvrant la région de langue française et la région de langue allemande).
Cette phrase liminaire contient un autre prin cipe essentiel de la réglementation, qui perdurera à travers les époques : la concertation. Concertation au sein des organes du centre culturel luimême d’abord ; concertation avec la population en vue de l’établissement du projet culturel ensuite. L’arrêté royal fixe une série de principes géné raux :
o 1 Les maisons de la culture et les foyers culturels sont des« associations de personnes ». o 2 Ils doivent adopter, en principe, le statut d’as sociation sans but lucratif. Une dérogation peut toutefois être sollicitée. o 3 Ces associations sont pluralistes. «Toutes les tendances philosophiques et politiques de la ré gion ou de la localité où elles exercent leur ac tivité doivent y être représentées.» o 4 Le conseil d’administration des associations sans but lucratif doit assurer «la représenta tion paritaire des pouvoirs publics (E tat, pro vinces, communes) et des groupements socio culturels privés».
Selon l’article 3 de l’arrêté royal, «la Maison de la Culture réalise l’animation culturelle au dé part d’un programme annuel de diffusion». Sa vo cation régionale se traduit notamment «en met tant son organisation et son infrastructure au ser vice des Foyers culturels de la région où elle exerce ses activités».
Le foyer culturel, défini à l’article 4, a pour objet «l’animation socioculturelle d’une commu nauté locale fondée sur la participation du plus grand nombre à la réalisation d’un programme d’éducation permanente».
Le ministre classe les maisons de la culture et les foyers culturels en trois catégories (A, B, C) «en tenant compte notamment de l’importance de l’activité, du nombre des organisations culturelles associées, du nombre des membres, de la popula tion concernée par l’organisme et de l’importance de l’infrastructure culturelle existante».
Les décisions portant sur l’octroi ou le retrait d’agréation ainsi que le classement doivent être soumises préalablement à la députation perma nente de la province concernée et à la Commission consultative des centres culturels.
Pour bénéficier d’un subventionnement, les maisons de la culture et les foyers culturels doivent être agréés par le ministre de la Culture. L’arrêté établit, tant pour les maisons de la culture que
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pour les foyers culturels, une intervention dans les dépenses de personnel et dans les frais de fonction nement. On retiendra donc de cette première réglemen tation que l’arrêté royal, imprégné d’une nouvelle conception de la culture, veille à favoriser d’une part la participation et l’expression individuelle et collective (la démocratie culturelle) et d’autre part l’accès aux œuvres du patrimoine (la démocratisa tion de la culture). L’arrêté royal du 5 août 1970 innove en pro posant un modèle d’organisation démocratique d’une gestion conjointe et pluraliste par les repré sentants des pouvoirs publics et ceux issus du sec teur associatif de terrain. Le Gouvernement recon naît ainsi aux associations une forte légitimité leur permettant de partager la gestion des politiques culturelles avec les pouvoirs publics. Ce modèle demeure unique à l’échelle européenne. L’entrée en vigueur de l’arrêté royal entraînera un développement rapide du secteur. Le nombre de centres culturels reconnus croît et, concomi tamment, la fonction des centres culturels en tant que réseau de diffusion des arts vivants en Com munauté française s’intensifie.
Après vingt années d’application, l’arrêté royal du 5 août 1970 demande à être revu. D’une part, les missions des centres culturels nécessitent un élargissement, notamment quant au rôle mo teur qu’ils peuvent jouer en faveur de la création artistique. D’autre part, l’évolution des territoires et de l’offre culturelle qu’ils proposent impose éga lement de poser un regard nouveau sur le secteur.
2.4
Décret du 28 juillet 1992 fixant les condi tions de reconnaissance et de subvention des centres culturels
Le ministreprésident de l’Exécutif de la Com munauté française chargé de la Culture et de la Communication, Valmy Féaux, entreprend dès lors de mettre à jour la réglementation sur les centres culturels en remplacement de l’arrêté royal du 5 août 1970 établissant les conditions d’agréa tion et d’octroi de subventions aux Maisons de la Culture et au Foyers culturels.
Le projet présenté par le ministreprésident, qui deviendra le décret du 28 juillet 1992 fixant les conditions de reconnaissance et de subvention des centres culturels, entend répondre« à une actuali sation de la politique culturelle dans ce domaine à partir de l’expérience vécue depuis plus de 20 ans
(14) Projet de décret fixant les conditions de reconnaissance et de subvention des centres culturels, Conseil de la Communauté française, session 19911992, n˚ 230/1, p. 2.