Le présent rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, préliminaire au débat d'orientation budgétaire, est établi en application des articles 48 et 58-3° de la LOLF. Il dresse un état d'ensemble de la situation financière des administrations publiques (Etat, organismes divers d'administration centrale, administrations locales et administrations de sécurité sociale), en la resituant dans une perspective de moyen terme. Il formule un diagnostic sur la soutenabilité des évolutions constatées et analyse la situation propre à chacune des grandes composantes des administrations publiques (APU). Ces constatations conduisent la Cour à formuler des observations et recommandations sur la gouvernance des finances publiques et le redressement des comptes. Dans son analyse, la Cour utilise des données de la comptabilité nationale, qui permettent notamment d'effectuer des comparaisons avec les autres pays. Elle les rapproche de l'ensemble des autres données disponibles, en particulier, pour l'Etat, des résultats des exercices budgétaires et, pour les autres administrations publiques, des résultats de leur propre comptabilité. Les observations qui suivent ont été établies en tenant compte des constatations que la Cour a formulées dans son rapport sur les résultats et la gestion budgétaire (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/064000443/index.shtml) et dans son rapport sur les comptes de l'exercice 2005 (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/064000444/index.shtml), qu'elle a rendus publics le 30 mai 2006. Des enquêtes spécifiques ont en outre été menées.
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Langue
Français
Extrait
RAPPORT SUR LA SITUATION ET LES PERSPECTIVES DES FINANCES PUBLIQUES PRELIMINAIRE AU DEBAT D’ORIENTATION BUDGETAIRE
juin 2006
TABLE DES MATIÈRES
III
Page DélibéréVII Avant-propos .....................................................................IX Première partie : La situation des finances publiques 1 Chapitre I Situation d’ensemble........................................ 3 I - Le contexte macroéconomique : une croissance plus faible que prévu ... 3 A - L’évolution du PIB sur longue période .. 3 B L’évolution sur moyenne période et en 2005 4 -II - Les résultats des administrations publiques 5 A - Le déficit d’ensemble . 5 B - Les recettes et les dépenses 8 C - La dette .. 9 III - Les comparaisons internationales . 11 A - Des soldes parmi les plus dégradés de l’UE .. 12 B - Une dette publique excessive et exposée à une hausse des taux d’intérêt. ... . 15 C - Un niveau de dépenses publiques de plus en plus divergent de celui des autres Etats 18 Chapitre II Situation des différentes administrations publiques ............................................................. 20 I - L’Etat ... 20 A - Les soldes budgétaires .. 20 B - Les recettes et les dépenses .. 22 C - La dette .. 32 II - Les organismes divers d’administration centrale 34 A - Les résultats . 34 B - L’évolution de l’endettement .. 35 III - Les administrations de sécurité sociale . . 36 A - L’ensemble des administrations de sécurité sociale 36 B - L’assurance chômage ... . 39 C - Les comptes des régimes de sécurité sociale . 39 IV - Les administrations publiques locales 43 A - Des dépenses en augmentation constante ... 44 B - La progression des recettes 46 C - La situation financière globale .. 48
IV
COUR DES COMPTES
Page Deuxième partie : Diagnostic et perspectives .51 Chapitre I 53Le diagnostic d’ensemble................................. I - Une programmation pluriannuelle qui n’a pas permis de redresser la situation ... 53 A - L’inadéquation persistante des hypothèses de croissance . 53 B - Une incidence limitée des erreurs spécifiques aux prévisions de recettes . 54 C - Le dépassement constant des objectifs de dépenses . 55 D - Un retour à l’équilibre toujours différé . 56 E - Des finances publiques fortement dégradées 57 II - Une évolution difficilement soutenable .. 60 A - Une dynamique de dégradation .. 60 B - Une approche patrimoniale des finances publiques 65 C - La problématique du redressement 67 Chapitre II 69 ....La nécessité d’un assainissement durable I - Une année 2006 dans la continuité ... 69 A - Les choix faits par l’Etat et le début de la gestion 2006 69 B - La loi de financement de la sécurité sociale pour 2006 et les évolutions des premiers mois 73 II - Un programme 2007-2009 exigeant mais insuffisamment étayé .. 74 A - Des objectifs de redressement ambitieux ... 74 B - Des hypothèses macroéconomiques optimistes . 77 C - La nécessaire maîtrise des dépenses.. .. 77 III - Des modalités de pilotage à renouveler .. 78 A - La rénovation du cadre de gestion des finances publiques . 79 B - Pourune stratégie nationale sur l’avenir des finances publiques . 87
TABLE DES MATIÈRES
V
Page IV - Des leviers prioritaires 91 A - Remédier à l’anomalie que constitue la dette sociale . 91 B - Tirer parti des marges de productivité 92 C - Réexaminer les dépenses d’intervention .... 95 Conclusion générale ... 97
Annexes......Glossaire.
99 123
Réponse du Ministre de l’économie, des finances et de l’industrie et du Ministre délégué au budget et à la réforme de l’État, Porte-parole du Gouvernement
Liste des rapports publiés par la Cour des comptes en 2005 et 2006 .
127
141
DÉLIBÉRÉ
DELIBÉRÉ
VII
Conformément aux dispositions législatives et réglementaires du code des juridictions financières, la Cour des Comptes, délibérant en chambre du conseil, a adopté le présent rapport établi en application de l’article 58-3° de la loi organique du 1er 2001 relative aux lois de août finances.
Ce texte est arrêté au vu du projet qui avait été communiqué au Premier ministre, au ministre de l'économie, des finances et de l’industrie et au ministre délégué au budget et à la réforme l’Etat, et des réponses fournies par ces derniers.
En application des dispositions précitées, ces réponses sont publiées ; elles engagent la seule responsabilité de leurs auteurs.
Etaient présents : M. Séguin, premier président, MM. Fragonard, Pichon, Picq, Sallois, Babusiaux, Cretin, Mme Bazy-Malaurie, présidents de chambre, MM. Collinet, Gastinel, Delafosse, Cieutat, présidents de chambre maintenus en activité, MM. Chartier, Limouzin-Lamothe, Capdeboscq, Murret-Labarthe, Bady, Billaud, de Mourgues, Mayaud, Hespel, Houri, Devaux, Bayle, Bouquet, Rémond, Gillette, Martin (Xavier-Henri), Bertrand, Monier, Schneider, Hernandez, Thérond, Mme Ruellan, MM. Pallot, Cazanave, Mme Bellon, MM. Gasse, Duchadeuil, Moulin, Thélot, Lefas, Brun-Buisson, Gauron, Dupuy, Morin, Mmes Morell, Fradin, MM. Gautier (Louis), Brochier, Mme Saliou,MM. Levy, Deconfin, Phéline, Gautier (Jean), Vialla, Tournier, Courtois, Mmes Darragon, Seyvet, MM. Vachia, Vivet, Mme Moati, MM. Cossin, de Combles de Nayves, Lefebvre, Maistre, Martin (Christian), Mme Trupin, MM. Corbin, Ravier, Rigaudiat, conseillers maîtres, MM. Audouin, Pascal, Gleizes, Lemasson, Cultiaux, Bille, Zeller, conseillers maîtres en service extraordinaire, M. Alventosa, conseiller maître, rapporteur général.
Etait présent et a participé aux débats : M. Bénard, procureur général, assisté de M. Feller, avocat général.
Etait présent en qualité de rapporteur et n’a donc pas pris part aux délibérations : M. Belluteau, conseiller référendaire.
MM. de Combles de Nayves, secrétaire général, assurait le secrétariat de la chambre du conseil.
Fait à la Cour, le 2 juin 2006.
AVANT-PROPOS
Avant-propos
IX
Les lois de finances pour 2005 sont les dernières à avoir été mises en œuvre sous l’empire de l’ordonnance organique du 2 janvier 1959. Depuis le 1erjanvier 2006 en effet, la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) du 1eraoût 2001 est pleinement entrée en vigueur.
Le présentrapport sur la situation et les perspectives des finances publiquesau débat d’orientation budgétaire, est établi en, préliminaire application des articles 48 et 58-3° de la LOLF. Il dresse un état d’ensemble de la situation financière des administrations publiques (Etat, organismes divers d’administration centrale, administrations locales et administrations de sécurité sociale), en la resituant dans une perspective de moyen terme. Il formule un diagnostic sur la soutenabilité des évolutions constatées et analyse la situation propre à chacune des grandes composantes des administrations publiques (APU)1. Ces constatations conduisent la Cour à formuler des observations et recommandations sur la gouvernance des finances publiques et le redressement des comptes.
Dans son analyse, la Cour utilise des données de la comptabilité nationale, qui permettent notamment d’effectuer des comparaisons avec les autres pays. Elle les rapproche de l’ensemble des autres données disponibles, en particulier, pour l’Etat, des résultats des exercices budgétaires et, pour les autres administrations publiques, des résultats de leur propre comptabilité.
Les observations qui suivent ont été établies en tenant compte des constatations que la Cour a formulées dans sonrapport sur les résultats et la gestion budgétaire dans son etrapport sur les comptes l’exercice de 2005, qu’elle a rendus publics le 30 mai 2006. Des enquêtes spécifiques ont en outre été menées.
Par ailleurs, la Cour a organisé, au printemps 2006, deux journées consacrées à la dette publique, qui lui ont permis de recueillir, sur ces questions, l’avis d’experts et de responsables des finances publiques, nationaux et internationaux. Enfin, elle a procédé à des auditions, puis assuré la contradiction avec les ministères concernés.
1L’annexe I explicite la définition des administrations publiques (APU).
PREMIERE PARTIE
LA SITUATION DES FINANCES
PUBLIQUES
LA SITUATION DES FINANCES PUBLIQUES
Chapitre I - Situation d’ensemble
3
La situation des administrations publiques doit d’abord être appréhendée dans sa globalité. C’est en effet à ce niveau qu’est appréciée sa conformité avec les engagements européens de la France. Cet examen global permet aussi de neutraliser les transferts entre administrations.
I - Le contexte macroéconomique : une croissance plus faible que prévu2
A - L’évolution du PIB sur longue période
De 1980 à 2005, le produit intérieur brut a augmenté en volume de 70,5 %, soit une croissance moyenne de 2,2 % par an.
Graphique 1 - Evolution de la croissance économique depuis 1980
5
4
3
2
1
0
-1
-2
En %
Source : chiffres : INSEE ; graphique : Cour des comptes. Ces vingt-cinq années ont été marquées par deux phases de haute conjoncture - 1988-1990 et 1998-2000 - séparées par une période de croissance médiocre (1,4 % par an en moyenne entre 1991 et 1997) autour de la forte récession de 1993. Les années les plus récentes (2002-2005) constituent une nouvelle période de croissance médiocre (1,4 % par an en moyenne) au cours de laquelle la France et l’Europe sont restées à l’écart de la forte reprise mondiale amorcée depuis la mi-2003. L’année 2005 pourrait s’être située au point bas d’un cycle, comme ce fut le cas pour les exercices 1993, 1996 et 2003.
2Les principaux concepts utilisés relatifs à la croissance sont présentés en annexe II-A.
4
COUR DES COMPTES
B - L’évolution sur moyenne période et en 2005
La croissance du produit intérieur brut (PIB) en volume est estimée à 1,2 % en 2005, après 2,3 % l’année précédente. Depuis 2001, elle a été chaque année, sauf en 2004, nettement inférieure à la prévision.
La prévision de croissance de 2,5 % associée à la loi de finances pour 2005, plus élevée que celle de l’année précédente, reposait sur l’hypothèse d’une prolongation de l’accélération de l’activité constatée entre la mi-2004 et la mi-2005 et tablait sur la poursuite de« la reprise cyclique enclenchée dans la zone euro3», dont la croissance était estimée à 1,9 % en 2004 et à 2,2 % en 2005. Elle était en outre établie sur l’hypothèse d’un« repli »progressif du prix du pétrole3.
Ces prévisions, qui, comme la Cour l’avait noté en 20054, étaient plus optimistes que le consensus des experts (2,2 %), ne se sont pas réalisées. La croissance moyenne de la zone euro a été limitée à 1,3 % en 2005, tandis que le cours du pétrole a continué de monter, passant de 39,8 $ le baril en décembre 2004 à 56,9 $ en décembre 2005. L’impact de ce médiocre contexte a été accentué par les mauvaises performances du commerce extérieur : l’augmentation des exportations (+3,1 % après 3,9 % en 2004) est restée en 2005 en retrait de la demande mondiale alors que les importations ont progressé vivement (+ 6,1 % après 6,6 % en 2004) ; la combinaison des deux évolutions a réduit la croissance du PIB de 0,8 point. Contrairement à la prévision, qui était fondée sur l’hypothèse d’une croissance supérieure à celle de nos partenaires européens, notre performance a été inférieure à la leur.
Les enquêtes de conjoncture réalisées dans les pays européens témoignent d’un renforcement de l’activité et d’une amélioration depuis l’été 2005, particulièrement nets en Allemagne. En France, la croissance serait, selon les prévisions de l’INSEE, un peu supérieure à 2 %, en rythme annualisé, dans la première moitié de 20065.
3Rapport économique, social et financier du PLF 2006. 4Rapport préliminaire au débat d’orientation budgétaire - Juin 2005 - Page 45. 5Elle a été de 0,5 % au premier trimestre.
LA SITUATION DES FINANCES PUBLIQUES
5
II - Les résultats des administrations publiques6
A - Le déficit d’ensemble
1 -Une situation de « déficit excessif » depuis 2002
La France s’est engagée en 1992, par le traité de Maastricht, précisé en 1997 par le pacte de stabilité et de croissance (PSC), à maintenir le déficit annuel cumulé des administrations publiques dans la limite de 3 % du produit intérieur brut (PIB).
En juin 2003, le conseil des ministres des finances de l’Union (Ecofin), constatant que le solde négatif des administrations publiques françaises avait atteint 3,2 % du PIB à fin 2002, avait décidé d’adresser à la France, dans le cadre de la procédure de déficit excessif prévue à l’article 104 (7°) du traité, une recommandation de ramener son déficit à moins de 3 %« au plus tard pour l’exercice 2004 ».
En dépit de la perspective de notification par la France d’un ratio encore dégradé pour 2003 (4,2 % du PIB), le Conseil décidait, contre l’avis de la Commission, de suspendre la procédure engagée à l’encontre de la France, estimant que les informations disponibles permettaient d’anticiper un retour du niveau de déficit dans la limite des 3 % dès 2005.