Conclusion et perspectives 211Conclusion et perspectivesDans ce mémoire, nous avons abordé le contrôle d’écoulement par une approche qui couple théorie ducontrôle optimal et modèles réduits de dynamique construits par Décomposition Orthogonale aux valeursPropres (Proper Orthogonal Decomposition, POD). L’objectif était de démontrer que cette méthode est per-tinente pour aborder le contrôle d’écoulement dans des configurations industrielles, dans le sens où elle lieamélioration des performances aérodynamiques et réduction conséquente du coût de synthèse de la loi decontrôle. Pour des raisons de facilité de mise en œuvre, la pertinence de la méthode a été évaluée sur le sillagelaminaire bidimensionnel d’un cylindre circulaire qui constitue une configuration décollée modèle. Dans cetteétude, la loi de contrôle est l’évolution temporelle de la vitesse tangentielle du cylindre dont la variation aété supposée sinusoïdale. L’objectif de minimisation est la réduction optimale du coefficient de traînée aéro-dynamique. Enfin, les simulations numériques de l’écoulement ont été réalisées par une méthode d’élémentsfinis pour un nombre de Reynolds égal à 200.Pour commencer, nous avons étudié numériquement l’influence des deux paramètres de contrôle du sys-tème, l’amplitude A et le nombre de Strouhal St de l’oscillation, sur l’écoulement. Plus particulièrement,nous avons considéré la dynamique tourbillonnaire et les performances aérodynamiques mesurées en terme del’évolution ...
es paramètres de contrôle évoluent
au cours d’un processus d’optimisation. Or, la POD est essentiellement une méthode de compression d’in-
formation qui, au besoin, élimine les redondances contenues dans une base de données (voir discussion dans
l’introduction générale et § 3.5.1). Par conséquent, il est difficile d’imaginer que les fonctions propres POD,212
évaluées pour un écoulement non contrôlé, puissent capturer les paramètres clés de la dynamique d’un écou-
lement contrôlé. Par ailleurs, il n’est même pas certain, qu’une base POD, évaluée pour un contrôle donné,
puisse servir à représenter un autre type de dynamique contrôlée. Dans une première phase de l’étude (cha-
pitre 5), nous avons considéré qu’il pouvait être pénalisant (ou éventuellement pas nécessaire) de rafraîchir la
base réduite POD au cours du processus d’optimisation. Une attention particulière doit alors être apportée
au choix de la fonction de contrôle γ à utiliser pour générer les réalisations de l’écoulement avec lesquelles les
fonctions POD sont évaluées. En effet, pour que cette approche ait une chance d’aboutir, il est nécessaire que
γ balaie l’ensemble de la dynamique contrôlée du système afin que la base POD, dite généralisée (§ 5.4.2), soit
en mesure de suivre l’évolution dynamique du système lorsque le contrôle est imposé. Evidemment, si l’on
compareauxcasprécédents,oùl’objectifdumodèleréduit,étaitdeconstituerunmodèledereprésentationde
la dynamique de l’écoulement, pour un couple donné des paramètres de contrôle, on constate que cela se fait
au détriment d’une augmentation du nombre de modes POD à conserver dans la projection POD-Galerkin.
Dans cette première approche, la base POD n’est construite que sur des réalisations de vitesse. Dans ce cas,
la traînée aérodynamique ne peut pas être directement utilisée comme fonction objectif. On décide alors de
faire le même choix que Graham et al. (1999b) et de chercher la vitesse tangentielle du cylindre, sous une
forme pour l’instant quelconque, qui minimise l’énergie instationnaire contenue dans le sillage. Un système
optimal, basé sur ce modèle réduit généralisé et sur cette fonction objectif, a ainsi été construit (§ 5.3.1).
La loi de contrôle γ, obtenue après convergence du processus d’optimisation, a finalement été approchée
par une loi harmonique d’amplitude 2,2 et de fréquence égale à 0,53 (§ 5.4.3). Finalement, l’utilisation de
ces paramètres dans la résolution du système de Navier-Stokes a permis de réduire le coefficient de traînée
moyen de 25% (§ 5.4.4). Les réductions du temps de calcul et de l’encombrement mémoire, nécessaires pour
obtenir ces résultats, ont été respectivement estimées à un facteur 100 et 600, par rapport à ceux qui auraient
été nécessaires, si les équations de Navier-Stokes avaient été utilisées comme équations d’état (§ 5.4.5). Ce-
pendant, ces paramètres de contrôle ne correspondent pas aux paramètres de contrôle optimaux déterminés
par expérimentation numérique. Ce comportement s’explique, d’une part, par le fait que la fonction objectif
reconstruite par modèle réduit, est mathématiquement différente de la traînée, fonction objectif réelle et,
d’autre part, par le fait que la base réduite POD n’est finalement pas capable de représenter l’ensemble des
dynamiques rencontrés pendant le processus d’optimisation.
Dansunsecondtemps,nousnoussommesalorsintéressés,àminimiserdirectementlecoefficientdetraînée
moyen (chapitres 6 et 7). Dans cette optique, il était donc indispensable de prendre en compte le champ de
pression, dont la contribution représente plus de 80% du coefficient de traînée total pour la configuration
étudiée. Cela a été fait de manière spécifique à l’aide d’une base POD pour la pression (§ 6.3). Par ailleurs,
le modèle réduit POD étant construit à partir de solutions des équations de Navier-Stokes correspondant à
une loi de contrôle particulière, son domaine de validité est a priori limité dans l’espace des paramètres de
contrôle. Pour étendre ce domaine, et permettre ainsi de construire une fonction objectif modèle, qui soit plus
robuste vis à vis des évolutions dynamiques qui peuvent intervenir dans le processus d’optimisation, nous
avonscherchéàaméliorerlareprésentativitédynamiquedumodèleréduit.Ceciaétéeffectuéenrajoutantàla
base POD de nouveaux modes, dits modes de non-équilibre, permettant de prendre en compte des directions
de l’espace, qui n’étaient pas initialement présentes dans la base de données POD (§ 6.4.3). La robustesse de
la fonction objectif a ainsi été considérablement améliorée (§ 6.4.4).
En dépis de ces premières améliorations du domaine de validité du modèle réduit, il a maintenant été
choisie d’introduire un renouvellement régulier du modèle réduit au cours de la phase d’optimisation. Dans
cette méthode itérative, les modèles réduits de dynamique POD sont régulièrement réactualisés au cours du
processus d’optimisation. Quand le modèle réduit, n’est plus jugé suffisamment représentatif de la dynamique
réelle du système, alors on résout une nouvelle fois le système Navier-Stokes, afin de déterminer une nouvelle
base réduite, plus à même de représenter la dynamique contrôlée du système. La difficulté principale de
la méthode consiste à déterminer le moment où le modèle réduit de dynamique doit être réactualisé. Une
méthode d’optimisation adaptative classique (Ravindran, 2000b) a d’abord été mise en œuvre (§ 6.6.1). Sans
d’autres précautions, cette simple procédure adaptative ne converge pas. Une raison est que la fonction
objectif modèle n’est représentative de la fonction objectif réelle que dans une zone limitée de l’espace des
paramètres, zone centrée sur les valeurs des paramètres de contrôle utilisées pour construire le modèle réduit.
Par la suite, nous avons donc limité la validité de la fonction objectif à une région située dans un voisinage
des paramètres de contrôle courants. Le rayon de cette zone de "confiance", maintenu fixe pendant tout
le processus d’optimisation, est fixé de manière purement empirique (§ 6.6.2). Cette modification a permis
d’obtenir des résultats encourageants. Bien que les paramètres de contrôle obtenus ne convergent pas, ils
oscillent autour de paramètres qui permettent de réduire significativement la valeur du coefficient de traînéeConclusion et perspectives 213
moyen. Une réduction relative de 30% est obtenue.
L’inconvénient de cette méthode adaptative, telle qu’elle vient d’être présentée est que le rayon de la zone
de "confiance" est un paramètre ad-hoc fixé au cas par cas par l’utilisateur. Par ailleurs, avec cette première
approche de résolution itérative, il n’existe aucune assurance pour que la solution obtenue par le modèle ré-
duit converge vers la solution du problème d’optimisation initial i.e. posé pour le modèle précis. Une manière
d’améliorer cette méthode consistait à coupler les modèles réduits POD avec une méthode d’optimisation à
régions de confiance. Nous avons alors utilisé l’algorithme de TRPOD pour (Trust Region POD) récemment
proposé par Fahl (2000) à cet effet (chapitre 7). L’intérêt principal de cette méthode, réside dans le fait que
le domaine de validité du modèle réduit de dynamique est évalué automatiquement au cours du processus
d’optimisation,parcomparaisondelavaleurdelafonctionobjectifmodèleàcelledelafonctiondecoûtréelle.
Par ailleurs, sous certaines conditions généralement vérifiées, nous sommes assurés de la convergence de la
solution obtenue par le modèle réduit, vers celle qui aurait été obtenue par le modèle précis (§ 7.2). L’utili-
sation de cette méthode a effectivement permis d’obtenir les paramètres de contrôle, A =4,25 et St = 0,738,
optimaux dans la région étudiée (§ 7.4.2). En utilisant ces valeurs des paramètres de contrôle, pour résoudre
le système de Navier-Stokes, une réduction relative du coefficient de traînée moyen égale à 30% a été obtenue.
Si le temps CPU n’est pas significativement réduit (seulement un facteur 4), l’encombrement mémoire est
diminué d’un facteur égal à 1600 comparé au cas où les équations de Navier-Stokes seraient utilisées (§ 7.4.3).
Actuellement, cette méthode semble être la solution la plus prometteuse pour espérer diminuer de manière
drastique le coût de calcul nécessaire à la résolution d’un problème de contrôle optimal.214