Environ 2,3 millions de personnes, vivant à leur domicile, perçoivent une allocation, une pension ou un autre revenu en raison d'un handicap ou d'un problème de santé. Plus de 5 millions de personnes bénéficient d'une aide régulière pour accomplir certaines tâches de la vie quotidienne, pour les mêmes raisons. Deux fois sur trois, l'aide est apportée par l'entourage proche. Les difficultés vécues sont d'intensité très variable selon la nature, l'origine et la gravité des atteintes. Les femmes souffrent davantage de déficiences motrices et les hommes de déficiences sensorielles. Bien sûr l'âge est un facteur aggravant : ainsi les déficiences motrices affectent deux tiers des nonagénaires. Enfin les inégalités sociales sont très marquées dans le domaine du handicap : un jeune, fils d'ouvrier, est deux fois plus souvent atteint d'une déficience qu'un enfant de cadre.
Le handicap se conjugue au pluriel Pierre Mormiche, division des Enquêtes et études démographiques, Insee et le Groupe de Projet HID
nviron 2,3 millions de personnes, vivant à leur domicile, perçoivent E une allocation, une pension ou un autre revenu en raison d’un handicap ou d’un problème de santé. Plus de 5 millions de personnes bénéficient d’une aide régulière pour accomplir certai nes tâches de la vie quotidienne, pour les mêmes raisons. Deux fois sur trois, l’aide est apportée par l’entourage proche. Les difficultés vécues sont d’intensité très variable selon la nature, l’origine et la gravi té des atteintes. Les femmes souffrent davantage de déficiences motrices et les hommes de déficiences sensorielles. Bien sûr l’âge est un facteur aggravant : ain si les déficiences motrices affectent deux tiers des nonagénaires. Enfin les inégalités sociales sont très mar quées dans le domaine du handicap : un jeune, fils d’ouvrier, est deux fois plus sou vent atteint d’une déficience qu’un enfant de cadre.
“Combien y atil de personnes handicapées en France ?”. Il n’y a pas de réponse unique à cette question, car la nature, l’origine et la gra vité des atteintes peuvent être très diverses (encadré et tableau). Afin de préciser cette réalité complexe, une enquête sur les handicaps, les incapacités et la dépendance a été menée fin 1999 en métro pole auprès des personnes vivant en domicile ordinaire. Elle fait suite à une enquête menée fin 1998 auprès des pensionnaires d’institu tions sociosanitaires(cf. Pour comprendre ces résultats). Les personnes peuvent souffrir de déficiences motrices (13,4 % de la population), sensoriel les (11,4 %), organiques, par exemple cardiovasculaires, respiratoires... (9,8 %),
intellectuelles ou mentales (6,6 %). Les attein tes physiques ou mentales et les incapacités qui en résultent sont de gravité très différente. Les déficiences motrices, qui touchent au total plus de 8 millions de personnes, regroupent des atteintes modérées voire légères, principa lement liées aux rhumatismes et à l’arthrose, aussi bien que les grandes paralysies : tétra plégie, paraplégie, hémiplégie. Ces trois attein tes les plus sévères concernent moins de 9 % de l’ensemble des déficients moteurs (moins de 1 % de la population). Un dixième des per sonnes présentant l’une des trois grandes défi ciences précédentes sont confinées au lit. Près de la moitié n’ont pas besoin d’aide pour sortir. Parmi les déficiences sensorielles, 3,1 millions de personnes déclarent une atteinte visuelle, 55 000 d’entre elles souffrent d’une cécité com plète (avec éventuellement perception de la lumière), 225 000 d’une cécité partielle (distinc tion de silhouettes). Au total, lors de l’enquête, près d’une personne sur trois a répondu oui à la question : “rencon trezvous dans la vie de tous les jours des diffi cultés, qu’elles soient physiques, sensorielles, intellectuelles ou mentales”. Toutefois, la pro portion des personnes concernées par ces dif ficultés passe à deux sur cinq si l’on tient compte de celles qui s’aperçoivent ensuite qu’elles ont omis des déficiences dont elles souffrent.
De fortes disparités entre hommes et femmes
Les femmes déclarent beaucoup plus fré quemment que les hommes des déficiences motrices et un peu plus fréquemment des défi ciences intellectuelles ou mentales. L’écart est inverse pour les déficiences sensorielles. Ce dernier cas est entièrement dû aux déficiences auditives : phénomène connu des spécialistes, les hommes se disant plus souvent malenten dants ou sourds, surtout après cinquante ans. La proportion de personnes touchées croît avec l’âge, mais à des rythmes différents selon les types de déficience(graphique 1). Ainsi les déficiences motrices affectent 1 % des jeunes enfants, plus de la moitié des octogénaires et deux tiers des nonagénaires alors que les