Argument : Après avoir donné une description rapide et critique des Quatre Discours de Lacan, nous montrerons l'intérêt d'instaurer, pour leur trouver un substitut, un dialogue entre science et psychanalyse par le biais des « analysciences », dont fait partie l'Analyse des Logiques Subjectives (A.L.S.) À une formalisation prématurée des dialectes du discours courant, nous préférerons la découverte par induction de ses « règles de grammaire » à partir d'exemples concrets. Ensuite seulement viendra une présentation logicisée et déductive des trouvailles de l'A.L.S. puis la mise en relation des « parlers » (substitut des « discours ») avec la genèse des identifications dont le moteur est le discours parental. Enfin nous parcourrons l'éventail des applications nombreuses et fécondes de l'A.L.S., depuis son retour critique sur le discours analytique jusqu'aux analyses de textes quotidiens, politiques, publicitaires, poétiques, voire tirés de réunions de travail. Des tableaux, échantillons de textes et une bibliographie compléteront l'exposé.
Voici tout d’abord le résumé/plan de la conférence sur.S.L'ALfaiteàl'Hôpital de ValvertàMarseille le 9/03/2010. Il avaitétésidibtruécette forme aux participants. Le texte intsous égral de la conférence sera publiéparétapes, la 1èrepartie suit d’ores et déjàce résumé.
DesQuatre Discoursde Lacanàl'Analyse des Logiques Subjectives(A.L.S.) : principes et applications
Conférence du Dr Jean-Jacques PINTO
Argument: Après avoir donnéune description rapide et critique des Quatre Discours de Lacan, nous montrerons l'intérêt d'instaurer, pour leur trouver un substitut, un dialogue entre science et psychanalyse par le biais des « analysciences », dont fait partie l'A.L.S.À formalisation pr uneématurée des dialectes du discours courant, nous préférerons la découverte par induction ses « r deègles de grammaire »à partir viendra d'exemples concrets. Ensuite seulement une préointntaes logicisée et dé l'A.L.S. puis la mise en relation des « parlers » (substitut des « discours ») avec la deductive des trouvailles genèse des identifications dont le moteur est le discours parental. Enfin nous parcourrons l'éventail des applications nombreuses et fédepuis son retour critique sur le discours analytique jusqu'aux analyses de textescondes de l'A.L.S., quotidiens, politiques, publicitaires, poétiques, voire tirés de réunions de travail. Des tableaux,échantillons de textes et une bibliographie compléteront l'exposé.
1) Lacan a cherchéà le fonctionnement du discours courant formaliserpar la théorie des Quatre Discour
Ses « mathè» (lettres et symboles formalisant l’expmes érience clinique) décrivent les discoursdu Maître,de l’Université,de l’Hystériqueetde l’Analyste. Mais cette tentative passionnante soulève certaines critiques :
Le but initialétait une transmissibilité« intégrale » de fragments du discours analytique. Or les mathèmes n’empêchent pas les interprétations fantaisistes des disciples.
Les corréces formules avec l'observation clinique sont parfois douteuses, mlations de ême chez Lacan.
Contrairement aux formules logico-mathéscience, ils ne peuvent fonctionner sansmatiques de la
qu'on doive remonterà la parole de leur découvreur, comparableà ma unître de sagesse antique. Il manqueàcette théorie un corpus consultable par tous, des commentaires précis et exhaustifs, validables ou réfutables, des procédures de diagnostic reproductibles, et la fabrication àla main ou par programmes de simulacres permettant des montages expérimentaux.
2) Pour trouver un substitut aux Quatre Discours, considérons la possibilitéd'un dialogue entre science et psychanalyse
La psychanalyse moderne, avec Lacan pour chef de file, dit que la science a jusqu'àprésent eu besoin pour fonctionner de mettre entre parenthèses la subjectivitéinconsciente, donc par construction même de s'interdire de la prendre pour objet d'éDisons que la science est ici "tude. elguel'av" La . psychanalyse, elle, examine la subjectivité mais manque de jambes pour avancer, elle rumine la doctrine des maîtres et se repose sur ses lauriers. Elle est ici "le paralytique. "
Nous plaidons pour une coopération permettant de percher le paralytique sur lesépaules de l'aveugle. Car science et psychanalyse, qui défont les représentations imaginaires, ont en commun le non-tout, le non-sens, l'épluchage de l'être (physique ou psychique). Freud les associait, mais l'aînée (la science) et la cadette (la psychanalyse) sont devenues sœurs ennemies. Pour passer d'une opposition stérileàune intercritique constructive, la négociation peut recourir auxsecnascienaly.
Le termeenciysalnace, proposé 2008 par J.-J. Pinto, d enésigne toute discipline hybride entre psychanalyse et science : travail sur la subjectivité savants, recherches exp desérimentales sur l'inconscient cognitif, sous-ensemble de la description psychanalytique traitant du fantasme avec des méthodes scientifiques, modélisation de fragments de la subjectivitéhumaine ...
L'A.L.S. est une analyscience. Si on la définit schématiquement comme une "micro-sémantique du fantasme", ce dernier est un concept qui résulte d'uneexpérience amont, sur un encorpus hélas non consultable par tous (séances d'analyse) ; il a uneébauche deonlimatisafro: $◊a ; il peut recevoir une définition linguistique ses ;réionssitala sous forme d'occurrences verbales et sa genèse sont corroborables en aval par l'A.L.S. dont le corpus estcleltabonsu par tous, donctestable, et dont les procédures d'analyse sonttestables,orudtcbielsrpeetmilubaelsspar des moyens informatiques.
3)À la formalisation lacanienne prématurée des dialectes du discours courant, nous préférerons la découverte parnditiuconde leurs « règles de grammaire »àpartir d'exemples concrets.
Bien des analystes négligent la possibilité d'analyser les fantasmes hors séance. Or la thèse de l'nglat-encinscoingae autoriseàexplorer ceux-ci dans le discours courant, d'oùde nombreuses applications, "thérapeutiques" ou non.
Découverte de règlesàpartir d'exemples concrets : «Le système et les personnes, Essai d'analyse d'un malentendu»
Les traits sémantiques minimaux (« atomes » de sens) extraits de ces exemples vont constituer deux séries:
La série «A» (sériedestructoi-nidpsratioi-néoilemgnt-enanchemegtn) concerne l’extérieur, le changement, le désordre, la destruction de l’ancien. Elle se compose d’ adjectifs simples comme : ouvert, souple, varié, changeant, nouveau, libre…
La série «B» (tni-vaerontinscoégrités-itbialté)concerne au contraire l’intérieur, le non-changement, l’ordre, laontisnocavre. Elle se compose d’adjectifs simples comme : sérieux,ferme,stable,ancien,solide,rabldue…
Les mots complexes,adjectifs complexes, noms, verbes et adverbes seront traités comme des« molécules » dont le sens peut se décomposer en atomes A ou B, et pourront ainsiêtre rattachés, sauf exception, aux séries de même nom.
Lavaleurassociéeàchaque mot est la résonance favorable ou défavorable qu’a ce mot pour celui qui le dit. Elle peutêtrepositive, négative, neutre ou indécidable. En combinant pour chaque mot pertinent d’un texte sa série et sa valeur, on obtient despoints de vue, qui peuvent, comme la valeur, changer selon les instants ou selon lesâges de la vie.
—Le point de vue «extraverti »(désignéparE) valorise la série A et dévalorise la série B, ce qui peut se noter :A + = B—= E.
—Le point de vue «introverti »(désignéparI) valorise la série B et dévalorise la série A, ce qui peut se noter :B + = A — = I.
Cette notion depoint de vue « instantanéle seul mot qu'on analyse) peut» (valable pour êtreétendueàl’échelle d’un texte entier, qui présente en général une dominante «I » ou «E », sauf dans le cas du parler « hésitant » décrit plus bas.
Lesparlers, « héritiers critiques » des Discours de Lacan, sontnio'lxeetsnàl'échelle d'une vie entière de la notion de point de vue, recoupant la notion empirique delatipreosnnéet la notion psychanalytique d'edin.ioaticifntCes dialectes subjectifs («cjtielsesub») combinent de l’adolescenceàla fin de la vie les deux points de vue « I » et « E », ce qui aboutità:
1. Un parler «rusoncreavet» (I| I), en gros la personnalitéllneeesbsonsio(Alceste) : «nirttiover incorruptible».
2. Un parler «uncttmregesea/ndchonti» (E|E), correspondant grosso modoà la personnalitéhystérique(Célimène ... ou Mesrine) : « extraverti incorrigible ». Il en existe une version « bénigne » (changement) socialement encouragée pour sa créativité, et une version « maligne » (destruction), antisociale, chez des sujets portésàl'extrême violence.
3. Un parler « hésitant » (I ou E, abréviation de l'alternanceI|E|I|Eetc.), en gros la personnalitéueiqobph(Philinte) : «éternel indécis », oscillant toute sa vie entre «I »et «E ». Ce parler résulterait de l'ambivalence parentale.
4. Un parler « du progrè (s » ou « constructeur »E|I), sanséquivalent séméqugieoloi (Marie-Madeleine ... ou Henry Ford) : « extraverti repenti ». Dans ce parler de la rédemption, de la réparation, mais aussi de l'ambition, de l'arrivisme, la biographie en deuxétapes résulterait d'un jugement en deux temps : le parent rejette au début un enfant jugénon conformeàses vœux, puis « se fait une raison » et remédie au « défaut » naturel par l'éducation, la « construction de la personnalitéde l'enfant ».
Exem p l e s d e s q u a t r e pr i n c i p a u x p a r l e r s : vo i r d o c u m e n t s j o i n t s
4 ) u e l q u e s Q ré d e u x e b t e n u s d n os u l t a t séc e n n i e s ' dé d i ve rs e t d e c o r p u st u d e var iés
L'A.L.S. est ainsi une méthode d’analyse des mots d’un texte parléouécrit qui permet, sans recourir au non-verbal, d’avoir une idée de la personnalité l’auteur. Elle travaille sur la s deémantique des métaphores pour en déduire la structure identificatoire du locuteur et les réseaux de sympathie ou d'antipathie qu'il génère. En décomposant le sens des mots en atomes le plus fins possible (microsémantique), elle révèle des invariants subjectifs indépendants du sujet abordé le texte dans considéré.
Les dix parlers. Outre les quatre principaux parlers :
.Il existe un parler « E|I raté»: le locuteuréchoue au moment d'achever le chef-d’œuvre qui rachète son errance antérieure.
.Les représentants du parler « hésitant » peuvent « pencher » du côtédu parler I|I ou du parler E| E : faceà attentistes ») situation angoissante, les premiers (« une se tiendront sur leurs gardes, les seconds (« entreprenants ») fonceront quand même.
.Le parler « Montaigne » ([I ou E]|I) a son point de départ dans le parler hésitant, quiévolue ensuite vers le point de vue I.
.Le parler « Alcibiade » correspond en gros au Discours du Maître de Lacan, qui présente Alcibiade comme le sujet non-névrosé.
.Enfin, le parler analytique répond au Discours de l'Analyste chez Lacan, tout enétant traitédans une optique différente.
Genèse des séries et parlers :
L'A.L.S. reprend les thè : « le d etconnues : « l'inconscient c'est le discours de l'Autreses ésir de » l'homme c'est le désir de l'Autre, car c'est en tant qu'Autre qu'il désire ». C'est lediscours parental qui détermine, avec des transformations elles-mêmes « programmées », lediscours fantasmatique de l'enfant, différemment selon qu'il estidéaliséourejeté(cas extrêmes). L'enfant, une fois identifiéau texte du désir parental,qualifieraettraiteradésormais tout objet (y compris lui-même et son parent) comme le parent l'aqualifiéet a souhaitéletraiter. C'estla satisfaction du parent, et non la sienne, qu'il exprime et recherche sans le savoir. Les adjectifs extraits des appréciations du parent sur lui, et les verbes décrivant le sort qu’il lui souhaite, fourniront les atomes valorisés dans lesénoncés fantasmatiques, et constitutifs des séries.
Ces adjectifs décrivent l'objettel qu'il est jugépar le parent, ettel qu'il devraitêtrepour rendre possible l'action que le parent veut exercer sur lui ou le comportement qu'il en attend.
Quant aux verbes, ils décrivent l'attitude du parent devant l'enfant idéalisé:aimer, adorer, prendre au sérieux, respecter, regarder, voir, contempler, posséder, maîtriser, garder, protéger, enfermer, retenir, contenir, isoler, incorporer,nourrir, remplir, etc., ou devant l'enfant non désiré verbes : exprimant ladéception, laesurpris, l'étenotnnme,lapeur,'lhorreur,haïr, détester, maudire, ne pasprendre au sérieux, tourner en dérisionainsi que les moyens de se d, ébarrasser d'un tel enfant, de le faire changer, ou de l’ignorer :détruire (ouvrir, casser, démolir, brûler,éclater, déchirer, percer, etc.),
changer, modifier, altérer, déformer, tordre, déplacer, remuer, secouer,éloigner,écarter, chasser, (faire) sortir,abandonner, laisser tomber, lâcher, jeter, perdre,égarer, donner, vendre,échanger, méconnaître, ignorer, oublier, etc., tous ces motsétant valorisés secondairement chez l'adulte que cet enfant deviendra.
Les verbes exprimant le souhait du parent pourront se retrouver dans le discours de l'enfantàla voix active,passive, ounalepronomi. Exemples : Marie Cardinal et sa mère, et le poème Bénédiction de Baudelaire.
Ce que J.-C. Milner dit des Quatre Discours vaut pour les parlers : il ne peut y avoir desynoesnymi qu'à l'intérieur d'un même discours et entre discours différents les seules ressemblances possibles relèvent deleimynomoh'.
Règles et remarques
●Le parler I| I, valorise l'individu isolé: «il vaut mieuxêtre seul que mal accompagné», dans le parler E|E c'est le groupe nombreux, la foule («plus on est de fous, plus onrit»),dans le parler I ou E c'est le petit groupe d'amis (Brassens : «au-delàon est une bande de c… s »de quatre, ).Quant au parler E|I dans sa variétéarriviste, le groupe est utilisécomme tremplin pour l'ambition personnelle, puis abandonnéou dominélorsqu'on est au sommet (« tous pour un »sans la réciproque).
●Chaque parler prétendàmonde : l'homme est "fondamentalement bon"l'universel dans sa vision du (parler I| I), "fondamentalement mauvais" (parler E| E), "toujours perfectible" (parler E| I), ou "mi-ange mi-bête" (parler I ou E).
●Une juxtaposition de points de vue peutêtre utilisée « sciemment » dans le parler E|I des arrivistes, pour rallier tous les suffrages, les locuteurs « I » et les locuteurs « E »: lementangehc +) dans la (A continuité(B +), laforce(A +)tranquille(B +).
●Toute perception, toutévénement, tout contenu peutêtre commenté au moins de deux manières, dans deux formes difféde vue, plus leurs combinaisons. Exemples «rentes, puisqu'il existe deux points VIE », « MORT », « FOLIE ». On peut constituer une liste de termes parallèles, amorce d'un « dictionnaire bilingue » pour la traduction d'un point de vue dans l'autre.
5) Applications de l'A.L.S.
Clinique verbale fine des névroses : descriptions logicisées, précises et transmissibles, diagnostic différentiel affiné. Exemples :
●La notion de parler « I ou E » aideàmieux comprendre pourquoi les phobiques typiques sontàla fois agoraphobes(point de vue I) etobesrophaustcl(point de vue E) ; « entreprenants » et « attentistes » décrivent leshystéro—et «oesbs»os—phobiques.
●La confusion de Lacan entrediscours obsessionneletdiscours de l'Universitéest surmontée grâceànotre terminologie : le parler « conservateur » (I|homologue du discours obsessionnel, et le parler «I) constructeur » (E| homologue du discours universitaire, ont des logiques diff I)érentes. Le premier suppose uneperfection initiale« science infuse », incompatible avec l’acquisition de, une connaissances nouvelles ; le second suppose unectiberfeplitiéiaerocdnesqui permet de se « remplir de savoir » pour racheter une jeunesse « folle » et peu studieuse. Leur mode d'accumulation mérite un
diagnostic différentiel.
●Hys tér ie t e a s cu l in e m de vu e d e s p oi n t sinver si o n p ar t i e ll e. Da n s l a is t r i b u t i on d t ra d i t i on n el l e de s rô f e t m a s c ul i nl e sér t i e l le m e n t nte r v i e n t pam i ni n i r ne ué :pa r t i t i on -i n trover t i l'p o u r f s ol i d e , ( h o m m e s n s t a n t , co i a bl e ,éri e u x , ob j e c t i f l o gi q u e , ; e tc . ) -e x t r a v e rt i (p o u r a l e m m e ff r a g i l e , f a i b l e , p e u f i a b l e , i n c o n s t a n t e , f ri v o l e ,l u n a t i q u e a L t c . ) . e "p a r a d e v i r i l e " p r o p re à c e r t a i n e s f o r m e s d 'h y s t é r i e m a s c u l i n e p re n d d o n c l e m a sq u e d u p o i n t d e v u e i n t ro v e r t i « ps y c h o r i g i d e » , q u i , j o i n t à u n e e x a l t a t i o n t h é â t r a l e , p e u t p a s s e r p o u r p a r a n o ï a , d i a g n o s t i c d é m e n t i p a r l ' A. L . S. e t l a n o n - p e r m a n e nc e d e l a p o st u r e v e r b a l e .
Analyse inédite des malentendus : aide à la résolution de conflits dans les équipes de travail, conduite de réunions, etc.
Approche critique du discours des analystes : la littérature analytique fourmille de conceptualisations suspectes. L'A.L.S. permet, dans cette jungle de productions « analytiques », de faire un premier tri entre les fausses pistes (banalement fantasmatiques) et les hypothèses potentiellement intéressantes (au sens opératoire de Gardin), qui restent alors à démontrer.
6) Conclusion : retouréclairésur la trajectoire de Lacan et perspectives d'avenir pour l'A.L.S.
Le parler « E|I raté» permet de rendre compte de l'échec de Lacan dans sa phase « déconstruction » (Milner), et de la non-opérativité des Quatre Discours. L'A.L.S. permet de reprendre le flambeau de l'analyse du discours courant avec ses multiples applications, et rouvre le dialogue science-psychanalyse en montrant que la structure verbale de la subjectivité est en partie simulable.
Voiciàprésent le début du texte intégral de la conférence surA.L'S.Lfaiteàl'Hôpital Valvert (Marseille) le 9/03/2010. Ce texteéen ligne en plusieurs temps, il est conseiltant mis éde revenir sur cette page dans les semaines qui viennent pour savoir quand il sera complet.
DesQuatre Discoursde Lacanàl'Analyse des Logiques Subjectives(A.L.S.) : principes et applications
Conférence du Dr Jean-Jacques PINTOle mardi 9 mars 2010
1) La tentative passionnante de Lacan de formaliser le discours courant par la théorie des
Quatre Discours se heurteàcertaines critiques qui incitentàlui chercher un substitut
Ses « mathèmes » (lettres et symboles formalisant l’expérience clinique) décrivent les discoursdu Maître,de l’Université,de l’Hystériqueetde l’Analyste, que nous présentons ici sommairement.
1) Le discours du Maître, régi parS1, le signifiant-maî discours du sujet non ntre :évrosé, "imbécile heureux" accédantà une "jouissance idiote" (au double sens d'appropriée et de stupide). Il s'imagineêtre maître de son désir. Il n'a aucun des problèmes qui se posent aux néchance de savoir qu'il a un inconscient, et donc de l'explorer.vrotiques, mais n'a aucune Lacan cite Alcibiade dans Le banquet de Platon : « Mais Alcibiade n'est nullement un névrosé. C'est même parce qu'il est le désirant par excellence, et l'homme qui va aussi loin qu'il se peut dans la jouissance, qu'il peut ainsi (...) produire au regard de tous l'articulation centrale du transfert, mise en présence de l'objet paréde ses reflets ».
2) Le discours de l’Université, régi parS2, le savoir : confondu par Lacan avec le discours obsessionnel. Il pourrait par l'analyse accéderàce qui détermine son désir ;
3) Le discours de l’Hystérique, régi par$, le sujet de l'inconscient. pourrait également, par l'analyse, Il accéder à ce qui détermine son désir ;
4) Le discours de l’Analyste, régi par a, l'objet du désir, rebaptisé plus-de-jouir par allusion à la plus-value de Marx.
Maiscette tentative hardiesoulève certaines critiques :
- Le but initialétait une transmissibilité« intégrale » de fragments de discours analytique. Or les mathèmes n’empêchent pas les interprétations fantaisistes des disciples (par exemple celle de Clavreul quand au sens de "maître" dans l'Ordre médical, ou sur le Web les formules reproduites sans les flèches).
- D'autre part les corrélations avec l'observation clinique sont parfois douteuses, même chez Lacan (notamment l'assimilation du discours de l'Universitéau discours obsessionnel).
En fait, contrairement aux formules logico-mathématiques de la science moderne, ils ne peuvent, après une première caractérisation, fonctionner par eux-mêmes pour engendrer des prolongements. Il faut toujours remonteràla parole de leur découvreur, qui fonctionne dès lors comme un maître de sagesse antique (cf le commentairesybillin des Discours dans Radiophonie). Ces formules ressemblent alors non plusàdes mathèmes, maisàce que disait Lacan dix ans plus tôt de la formule du fantasme :« [...] le sigle (S◊a) que nous avons introduit au titre d'algorithme [...] est fait pour permettre vingt et cent lectures différentes, multiplicitéadmissible aussi loin que le parléen reste prisàson algèbre ». Pasétonnant qu'ils conduisent au même résultat que celui que Milnerpréla lecture par les "habiles" de Lacanvoit pour àtraversWittgenstein : « quelques ailes nouvelles seront ainsi ajoutées au Château des brouillards » !!!
Ce qui manqueàla théorie des Quatre Discours :
un corpus communicableàtous, ainsi que les règles de sélection présidant au choix des
textesdes noms de discours repris toujours avec le même sensdes commentaires exhaustifs, validables ou réfutablesdes procéde diagnostic d'un texte explicites, validables ou rdures éfutablesune notation par des littéraux qui soient repris toujours avec le même sensun calculàautomate de l'appartenance ou du rattachement desla main ou par énoncésàces discours,la fabricationàla main ou par programmes desimulacres permettant des montages expéx.auntmeri
2)Pourluiun substitut, il semble pertinent de se pencher sur la possibilittrouver éd'un dialogue entre science et psychanalyse par le biais des « analysciences », dont fait partie l'A.L.S. :
La psychanalyse moderne avec son chef de file Lacan n'a aucune critique pertinenteàadresser àla science. Au contraire elle a le plus grand respect pour la science et ses applications. Lireàce sujetLa science et la véritédans les Ecrits.
Elle dit seulement que la science a jusqu'àprésent eu besoin pour fonctionner de mettre entre parenthèses la subjectivitéinconsciente, et mêlui tourner le dos (et c'est tant mieux dansme de un premier temps), donc par construction même de s'interdire de la prendre pour objet d'étude. Disons quela scienceest ici "lgeaveul'", terme qui peut n'avoir aucune connotation péjorative, comme dans le passage ci-dessous :
« Par mathématisation, nous entendons ceci : il ne s'agit pas de la quantification (mesure), mais de ce qu'on pourrait appeler le caractère littéral de la mathé: que l'on use de symboles qu'on peut etmatique doit prendreàla lettre, sans avoirégardàce qu'éventuellement ils désignent ; que l'on use de ces symboles uniquement en vertu de leurs règles propres : on parle volontiers alors denofoitcnnementaveugle. Par cecaractère aveugle, et par lui seul, est assurée la transmisibilitéintégrale, laquelle repose sur le fait que tout un chacun, informédes règles du maniement des lettres, les maniera de la même manière : c'est ce qu'on peut appeler la reproductibilitédes démonstrations. »« Nous nous séparons donc d'un point de vue largement répandu, selon lequel il n'y a de science que du quantifiable. Nous dirons plutôn'y a de science que du matht : il ématisable et il y a mathématisation dès qu'il y a littéralisation etfonctionnement aveugle. » (Milner, J.-C. (1989), Introductionàune science du langage. Seuil, Paris,
Ainsi la science s'aveugle pour avancer. Le "sens" du réel et la subjectivitédu savant sont mis au vestiaire.
La psychanalyse,quantàelle, examine la subjectivitémais manque de jambes pour avancer.Elle rumine la doctrine des maîtres et se repose sur ses lauriers, se nourrir de paroles de "sagesse" non propicesàla transmissibilité(voir la différence que fait Milner entrerpertoptiqueetlogia). Freud et Lacan peuvent s'intéresseràla science, les disciples ne s'intéressent qu'aux maîl'impression de manier la langue de bois.tres. Souvent ils donnent
La psychanalyse est donc ici "le paralytique".
Nous plaidons ici modestement pour une coopération entre l'aveugle et le paralytique. Une analyscience, si l'A.L.S. peut prétendreàce statut hybride, pourrait alors contribueràpercher le paralytique sur lesépaules de l'aveugle.
Or science et psychanalyse ont en commun le non-tout, le non-sens, l'épluchage de l'être. Elles vont toutesdeux contre l'Imaginaire, comme le souligne Milner :
Le Moi et l'imaginaire, par leur loi propre, privilégient toute bonne forme.
'le Moi a horreur de la science'
'le Moi a horreur de la lettre comme telle'
'le Moi et l'imaginaire sont gestaltistes' ;
'la science et la lettre sont indifférentes aux bonnes formes'
'l'imaginaire comme tel est radicalementétrangeràla science moderne' ;
''la science moderne, en tant que littérale, dissout l'imaginaire'.
Freud associait science et psychanalyse.Maisl'aîné(la science) et la cadette (lae psychanalyse)se comportentàprésent en sœurs ennemies.Pour passer d'une opposition stérileàune intercritique constructive, la négociation peut recourir auxsecneciysalan.
(suite du texte intégral mise en ligne parétapes. Vousêtes invitésàrevenir sur cette page de tempsàautre …)