Altérations des frontières, frontières des altérations offre de superbes analyses des écritures francophones du Canada qui établissent un dialogue entre les aspects géographiques, identitaires et psychologiques des frontières. Le volume met en lumière les lignes de démarcation comme des espaces paradoxaux où les hétérologies du devenir bousculent leurs limites. Les auteurs étudient la plurivalence et la malléabilité des formes frontalières qui ouvrent sur des possibilités nouvelles ou qui confinent la mobilité dans les limites, en apparence imperméables, du même. Qu’elles se penchent sur l’œuvre de migrants transfrontaliers comme Marguerite Andersen ou qu’elles traversent, dans des perspectives comparatistes, les frontières intérieures et extérieures de la francophonie canadienne, ces explorations d’écritures provenant de l’Ontario, du Québec, du Manitoba et de l’Acadie montrent les frontières comme des défis dynamiques et paradoxaux qui attirent l’attention sur les lignes de faille de notre époque. Winfried Siemerling Professeur au Département d’English Language and Literature à l’Université de Waterloo et auteur de Discoveries of the Other (1994), de Récits nord-américains d’émergence (2010) et de The Black Atlantic Reconsidered (2015). Ce volume comporte les contributions suivantes : Frédérique Arroyas, University of Guelph Emir Delic, Université Sainte-Anne Julie Delorme, Université d’Ottawa Isabelle Kirouac Massicotte, Université de Moncton Claudia Labrosse, Collège militaire royal du Canada Dominique Laporte, Université du Manitoba Mathieu Simard, Université d’Ottawa Patrick St-Amand, Queen’s University Julie Tennier, Lakehead University Jimmy Thibeault, Université Sainte-Anne
Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Sous la direction deEmir Delic et Julie Delorme
Altérations des frontières, frontières des altérations
Le paradoxe des espaces frontaliers dans les littératures francocanadiennes
ALTÉRATIONS DES FRONTIÈRES, FRONTIÈRES DES ALTÉRATIONS
Altérations des frontières, frontières des altérations Le paradoxe des espaces frontaliers dans les littératures francocanadiennes
Sous la direction d’Emir Delic et de Julie Delorme
C B A C Altérations des frontières, frontières des altérations : le paradoxe des espaces frontaliers dans les littératures francocanadiennes / sous la direction de Emir Delic et Julie Delorme. (Voix savantes ; 4) “Cet ouvrage collectif découle d’un atelier conjoint organisé en mai 4 par l’Association des littératures canadienne et québécoise (ALCQ) et l’Association des professeur(e)s de français des universités et collèges canadiens (APFUCC) dans le cadre du Congrès annuel des sciences umaines du Canada à la Brock University (St. Catarines, Ontario).” — Introduction.
Comprend des références bibliograpiques. Publié en formats imprimé (s) et électronique (s). ISBN 979597657 (couverture souple). — ISBN 97959766 (PDF) . Frontières dans la littérature — Congrès. . Littérature canadiennefrançaise — Histoire et critique — Congrès. I. Delic, Emir, 9, directeur de publication II. Delorme, Julie, 979, directeur de publication III. Collection : Voix savantes ; 4 PS.F76A5 C4.9’5 C99X C994
Les Éditions David remercient le Gouvernement du Canada, le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts de l’Ontario et la Ville d’Ottawa pour leur appui à leurs activités d’édition.
Les Éditions David 5B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) KN 7J Télépone : 66959 | Télécopieur : 66954 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com
Tous droits réservés. Imprimé au Canada. e Dépôt légal (Québec et Ottawa), 4 trimestre
REMERCIEMENTS
Ce livre n’aurait pu être réalisé sans l’appui financier du programme de subvention interne de l’Université SainteAnne, du programme de sub vention de publication de l’Association des professeurs à temps partiel de l’Université d’Ottawa et du programme de subvention institutionnel du Conseil de recerces en sciences umaines du Canada. Nous tenons également à remercier l’ensemble de nos collabora teurs d’avoir contribué avec entousiasme à faire avancer la réflexion sur un sujet d’une brûlante actualité.
INTRODUCTION
La frontière : untoposambivalent
Emir Delic Université SainteAnne
Julie Delorme Université d’Ottawa
Établir une frontière, c’est toujours la francir. Georg Wilelm Friedric H
Nous fréquentons les frontières, non pas comme signes et facteurs de l’impossible, mais comme lieux du passage et de la transformation. […] Je peux canger enécangeant avec l’autre, sans me perdre pourtant ni me dénaturer.C’est pourquoi nous avons besoin des frontières, non plus pour nous arrêter, mais pour exercer ce libre passage du même à l’autre, pour souligner la merveille de l’icilà. […] Il n’y a de frontière que pour cette plénitude enfin de l’outrepasser, età travers ellepartager à plein souffle les de différences. Édouard G
collectif découle d’un atelier conjoint organisé en C mai 4 par l’Association des littératures canadienne et québé coise (ALCQ) et l’Association des professeur(e)s de français des univer sités et collèges canadiens (APFUCC) dans le cadre du Congrès annuel des sciences umaines du Canada à la Brock University (St. Catarines, Ontario). Si ce congrès s’est déroulé sous la tématique « Frontières
10
ALTÉRATIONS DES FRONTIÈRES, FRONTIÈRES DES ALTÉRATIONS
sans limites », ce qui l’arrimait à bien des égards à un certain discours mondialiste envisageant les « frontières » comme des espaces acces sibles, perméables ou enclins au dialogue, l’objectif principal de l’atelier était d’adopter un regard critique sur la frontière en tant que concept paradoxal. Il s’agissait plus précisément d’examiner, à partir d’études d’œuvres littéraires francopones du Canada, non seulement sa mal léabilité et son altéragénécité, qu’on lui reconnaît aujourd’ui d’emblée, mais encore ses « limites ». Aussi les réflexions réunies dans le présent ouvrage montrentelles combien les représentations des frontières dans les littératures de la francoponie canadienne cercent moins à vali der l’idée, communément acceptée, des bienfaits du démantèlement ou de la porosité des lignes de démarcation de toutes sortes qu’à nuancer, voire à remettre en question cette idée en interrogeant tant les lumières que les ombres d’une panoplie de configurations frontalières, souvent dynamiques. Il se trouve en effet que les frontières, qu’elles soient naturelles ou artificielles, sont des espaces aptes à écapper à toute tentative de fixation. Quoique l’on cerce fréquemment à les matérialiser en leur conférant l’apparence de murs, de clôtures ou de barrières flanqués de barbelés, elles demeurent majoritairement des lignes plus ou moins visibles dont l’inscription cartograpique, concrétisation courante de leur existence, est appelée à être modifiée, transformée, bref, alté rée au gré du temps. Que ces altérations soient lentes ou rapides et qu’elles aient des effets positifs ou négatifs, il reste que les frontières constituent des espaces précaires en ce qu’elles disparaissent aussi aisément qu’elles apparaissent. Se déplaçant, se multipliant, s’élargis sant, s’affrancissant et se refermant sans cesse, elles participent d’une logique de construction paradoxale, soustendue par la dialectique fermeture / ouverture. C’est précisément cette logique que la langue anglaise met en valeur en proposant deux mots — en regard d’un seul en français — pour désigner letoposambivalent de la frontière : d’une part, le terme deborder, qui réfère aux pourtours clairement établis et souvent contrôlés d’un espace connu, déjà aménagé, qui serait à protéger ; d’autre part, le terme defrontier, qui dénote un espace non aménagé, informe ou incontrôlé et, partant, tourné vers l’inconnu et vers les promesses et les risques que ce dernier comporte. Oscillant entreborderetfrontier, entre fermeture et ouverture, entre connu et