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Description
Sujets
Informations
Publié par | Odile Jacob |
Date de parution | 01 juillet 2020 |
Nombre de lectures | 4 |
EAN13 | 9782738152770 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 4 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Cet ouvrage a été initialement publié sous le titre : Calling all minds. How to think and create like an inventor , par Philomel Books en 2018
Text copyright © 2018 by Temple Grandin Project illustrations copyright © 2018 by Thibaud Herem
P OUR LA TRADUCTION FRANÇAISE :
© O DILE J ACOB , JUILLET 2020
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5277-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Note aux lecteurs et à leurs parents
Certaines des réalisations proposées dans ce livre exigent l’utilisation d’instruments coupants ou électriques. Ces réalisations sont les suivantes :
• Le papier fait maison
• Le flocon de neige en papier
• Le flocon de neige cristallisé
• Le kaléidoscope
• La bombe à eau
• Le pantin articulé
• Le puits à souhaits
• Le théâtre de marionnettes et son rideau
• Le petit enclos avec sa barrière à fermeture automatique
• Le tabouret violon pour plante verte
• Les échasses
• Le voilier
• La marionnette articulée
• Le cerf-volant oiseau de mon enfance
• Le cerf-volant
• L’hélicoptère simple
• Le parachute
• La fenêtre d’Ames en forme de trapèze
• Le stéréoscope
• La chambre à illusions d’Ames
• Le diorama du système solaire
En créant ces réalisations avec vos enfants, veillez à manipuler ces instruments avec précaution.
Les réalisations concernées sont signalées par le symbole ci-dessous :
En mémoire de mon grand-père,
John C. Purves,
co-inventeur du pilote automatique.
Il était toujours prêt à guider les autres dans le monde des inventions et des brevets .
Introduction
Le chemin qui fait de moi une inventrice et une scientifique a commencé dès mon enfance. Je m’appliquais en classe, mais ce qui m’intéressait plus que tout au monde, c’étaient les chevaux. J’ai eu la chance que ma mère et le directeur de l’école m’aient encouragée à en apprendre le plus possible sur les animaux et sur les sciences sur le terrain. Mes professeurs le toléraient tant que j’arrivais à l’heure en cours et au repas et que je prenais soin des chevaux, ce qui impliquait, outre les monter, de les brosser, de les nourrir et de nettoyer les écuries. Les étés passés dans le ranch de ma tante ont également beaucoup compté. Je passais tout mon temps avec les chevaux et le bétail, à engranger le maximum de connaissances sur leur comportement et les moyens de communiquer avec eux. J’ai aussi été très influencée par mon grand-père maternel, John C. Purves. C’était un inventeur qui a représenté un modèle pour moi. Petite, je le bombardais de questions sur le monde qui nous entoure, du type : « Pourquoi est-ce que les marées montent et descendent sur le rivage ? »
Moi au lycée.
Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Une autre raison au fait que je sois devenue une scientifique, et qu’il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre, est que je pense en termes visuels. J’organise le monde par le biais d’images, et mon cerveau traduit toujours les mots en une série d’images. Le mot « chien » fait défiler dans ma tête les images de tous les chiens que j’ai rencontrés. En grandissant, je me suis mise à visualiser le fonctionnement des choses de façon très détaillée et en trois dimensions, comme si je regardais un film. Pour donner une idée de la précision de ces visions, j’en suis même venue à pouvoir tester de l’équipement mentalement. Il est généralement considéré comme normal d’associer capacités visuelles et verbales pour exprimer des pensées et des idées. Mais, selon mon expérience personnelle, il n’existe rien de tel que la normalité.
Lorsque mon autisme a été diagnostiqué (dans mon enfance, dans les années 1950), la plupart des gens connaissaient mal cette maladie et ses conséquences sur ceux qui en sont atteints. On dit aujourd’hui que quelqu’un souffre de « troubles du spectre de l’autisme », ce qui peut recouvrir des cas de figure très différents. Certains autistes parlent normalement tandis que d’autres n’y parviennent jamais. J’ai parlé tardivement, je détestais que les gens me prennent dans leurs bras et je me perdais souvent dans mon monde à moi. J’avais tellement de mal à tenir en place que ma mère me répétait : « Va courir dehors pour brûler tout ce trop-plein d’énergie ! » Je supportais mal les bruits soudains et les vêtements qui grattent, et je m’agitais dès que le moindre élément venait perturber mon monde. Certains autistes se balancent d’avant en arrière en permanence, ou ne peuvent s’empêcher de tourner sur eux-mêmes et ont beaucoup de mal à se concentrer sur quelque chose. Beaucoup se sentent mal à l’aise lors les rapports humains et sont incapables de croiser le regard de quelqu’un, mais réussissent dans les professions technologiques, le design industriel, les carrières artistiques ou les métiers qui exigent une grande attention aux détails. Certains développent des compétences à un niveau très élevé, souvent dans les domaines des mathématiques, de l’art, de l’informatique ou de la musique. Plusieurs scientifiques ou inventeurs de renom souffraient très probablement d’un trouble du spectre autistique.
L’autisme n’est pas un trouble « à taille unique ». Plus nous en découvrirons sur son « spectre » (c’est-à-dire l’éventail des capacités et des déficiences qu’une personne autiste peut présenter), mieux nous comprendrons les différences de conditionnement de l’esprit et l’importance des différentes formes de pensée – en particulier en ce qui concerne la créativité, l’innovation et l’inventivité. J’aime bien nous voir, moi et les autres personnes différentes, comme un enrichissement du spectre de la pensée humaine. Si nos cerveaux fonctionnent différemment, cela ne fait que repousser les limites des contributions que nous pouvons apporter.
Les autres se moquaient beaucoup de moi à l’école parce que mes aptitudes sociales laissaient à désirer. Je savais que je n’étais pas intégrée, mais j’ignorais pourquoi. On m’avait surnommée « le magnétophone » parce que je répétais les choses en boucle sur un ton monocorde. Je m’intéressais avant tout aux projets scientifiques et à la fabrication de brides fantaisie pour les chevaux. Aujourd’hui encore, les enfants ont tendance à se moquer des différences des autres, et on me traiterait sans doute de geek ou d’intello. Il est vrai qu’on trouve un certain nombre de geeks et d’intellos parmi les prix Nobel et à la tête des entreprises de la Silicon Valley.
Les parents et les enseignants s’inquiètent de voir des enfants dessiner toute la journée ou se passionner exclusivement pour les insectes. Ils attendent qu’ils s’intéressent à tout de manière équilibrée. Or, pour peu qu’on les encourage, certains de ces enfants au centre d’intérêt unique se montrent, en grandissant, capables de créations et de réalisations incroyables. C’est ce qui m’est arrivé. Mon amour pour les chevaux et le bétail à l’adolescence constitue clairement le socle de ma carrière en sciences animales. Et si je suis devenue inventrice, c’est pour une raison simple : j’ai toujours adoré fabriquer des objets et travailler avec mes mains. Si un projet n’avançait pas, je passais des heures à travailler dessus, jusqu’à ce qu’il fonctionne.
Quand j’étais jeune, ma mère me laissait utiliser ce qui traînait chez nous pour faire mes expériences, depuis ses vieux vêtements jusqu’aux bouts de carton glissés dans les chemises de mon père lorsqu’elles revenaient de la blanchisserie. Ce carton était un trésor ! Il me permettait de créer des milliers de choses : des cubes qui devenaient des forteresses, des dioramas, des maquettes, des pantins articulés.
J’adore démonter et remonter les objets, ou me servir de leurs composants pour en créer d’autres. Vous trouverez beaucoup de ces réalisations dans ce livre, mais je vous encourage aussi à inventer les vôtres. N’oubliez pas que les instructions fournies ne sont que des indications. Mes étudiants viennent parfois me voir, désemparés, parce qu’ils ont suivi des instructions à la lettre et que cela n’a pas abouti au résultat escompté. Je leur fais toujours la même réponse : il faut expérimenter en faisant des expériences !
Si je devais résumer ce livre en quelques mots, ce serait : « Créez des choses ! »
Vos parents vous ont sûrement répété mille fois d’arrêter de jouer aux jeux vidéo, de lâcher votre iPad ou votre smartphone. Ils vous disent sans doute que vous vous détruisez des neurones, que vous feriez mieux de vous faire des amis, de réviser ou d’apprendre à jouer du violon. Ils n’ont pas tout à fait tort. Ce que je vous propose, c’est de poser votre portable pour pouvoir un jour inventer un meilleur portable ou un meilleur jeu vidéo, une voiture plus sûre, une machine qui sauvera des vies. Quelles que soient les réalisations que la technologie peut accomplir, pour créer, il faut démonter les objets et les reconstituer de ses propres mains. La mathématicienne Grace Murray Hopper, conceptrice du COBOL, le premier langage de programmation non numérique (que la plupart des êtres humains peuvent comprendre) a démonté toutes les pendules et tous les réveils de chez elle (au nombre de sept !) lorsqu’elle était petite. Démonter et remonter des objets est souvent un signe que l’enfant atterrira plus tard dans un laboratoire scientifique, du moins s’il est encouragé et non puni pour avoir démoli toutes les horloges familiales.
Grace Murray Hopper devant un ordinateur.
Sou