La céphalée chronique quotidienne (CCQ) se caractérise par la survenue d’une céphalée au moins 15 jours par mois depuis plus de 3 mois. C’est une entité dont la prévalence a été estimée à 3 % de la population adulte française et elle représente un motif très fréquent de consultation dans les structures de recours neurologique et/ou algologique. À l’instar des recommandations de bonne pratique proposées par la Haute Autorité de santé (HAS) en 2004, la CCQ a longtemps été considérée essentiellement sous l’angle de l’abus médicamenteux qui lui est fréquemment associé. Depuis quelques années, la CCQ est appréhendée de façon plus large avec notamment l’émergence du concept de migraine chronique. Cette évolution est bien illustrée par les modifications de la classification internationale des céphalées et par les critères diagnostiques de la migraine chronique et de la céphalée par abus médicamenteux proposés dans sa dernière édition (3e édition version β) publiée en 2013. Cette évolution a également conduit la Société française d’études des migraines et céphalées, la Société française d’étude et traitement de la douleur et l’Association des neurologues libéraux de langue française à proposer de nouvelles recommandations de bonne pratique sur la prise en charge de la CCQ en considérant cette évolution et en mettant en exergue la CCQ survenant chez un migraineux dans la mesure où c’est la situation la plus fréquente à laquelle sont confrontés les praticiens.Ce chapitre a pour objectif de reprendre les données factuelles ayant conduit à ces dernières recommandations et de détailler la démarche diagnostique générale face à une CCQ, les entités cliniques que représentent la céphalée par abus médicamenteux et la migraine chronique ainsi que la réflexion sur les facteurs de chronicisation d’une céphalée qui pourraient conduire dans le futur à une prévention du développement de la CCQ.
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La céphalée chronique quotidienne (CCQ) se caractérise par la sur venue dune céphalée au moins 15 jours par mois depuis plus de 3 mois. Cest une entité dont la prévalence a été estimée à 3 % de la population adulte française et elle représente un motif très fréquent de consultation dans les structures de recours neurologique et/ou algolo gique. À linstar des recommandations de bonne pratique proposées par la Haute Autorité de santé (HAS) en 2004, la CCQ a longtemps été considérée essentiellement sous langle de labus médicamenteux qui lui est fréquemment associé. Depuis quelques années, la CCQ est appréhendée de façon plus large avec notamment lémergence du concept de migraine chronique. Cette évolution est bien illustrée par les modifications de la classification internationale des céphalées et par les critères diagnostiques de la migraine chronique et de la céphalée par e abus médicamenteux proposés dans sa dernière édition (3 édition versionβ) publiée en 2013. Cette évolution a également conduit la Société française détudes des migraines et céphalées, la Société fran çaise détude et traitement de la douleur et lAssociation des neurolo gues libéraux de langue française à proposer de nouvelles recommandations de bonne pratique sur la prise en charge de la CCQ en considérant cette évolution et en mettant en exergue la CCQ sur venant chez un migraineux dans la mesure où cest la situation la plus fréquente à laquelle sont confrontés les praticiens. Ce chapitre a pour objectif de reprendre les données factuelles ayant conduit à ces dernières recommandations et de détailler la démarche diag nostique générale face à une CCQ, les entités cliniques que représentent la céphalée par abus médicamenteux et la migraine chronique ainsi que la réflexion sur les facteurs de chronicisation dune céphalée qui pourraient conduire dans le futur à une prévention du développement de la CCQ.
Démarche diagnostique
La démarche diagnostique face à une CCQ doit être structurée et comprend plusieurs étapes successives : confirmation de la CCQ ; élimination dune CCQ secondaire ; élimination dune CCQ de courte durée ; recherche dun abus médicamenteux ; identification du type de CCQ de longue durée.
Confirmation de la céphalée chronique quotidienne
Le diagnostic positif dun CCQ est simple puisquil repose sur liden tification dune céphalée présente au moins 15 jours par mois depuis plus de 3 mois. Cette simplicité nest quapparente car certains patients minorent ou, au contraire, majorent la fréquence de lexpression cépha lalgique et le diagnostic positif dune CCQ doit reposer sur lanalyse dun agenda des céphalées. De fait, après une première consultation, il
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peut être nécessaire de demander au patient de tenir un tel agenda pros pectivement (idéalement sur 3 mois et sur au moins 1 mois) et de revoir ce patient ultérieurement pour affirmer ou infirmer le diagnostic de CCQ. Bien évidemment, une telle attitude nest cliniquement conce vable que si une céphalée secondaire a été au préalable écartée.
Élimination d’une céphalée chronique quotidienne secondaire
Une CCQ peutêtre secondaire et parfois symptomatique dune pathologie mettant en jeu le pronostic fonctionnel voire vital. Il convient donc de très rapidement écarter une telle pathologie et dêtre vigilant devant un certain nombre dantécédents, de caractéristiques de la CCQ et/ou de signes associés qui doivent être considérés comme des « drapeaux rouges » (Tableau S10P01C09I). En labsence de ces « drapeaux rouges », il convient également dêtre vigilant devant toute CCQ dinstal lation récente (moins dune année) et devant toute CCQ apparaissant après lâge de 60 ans. La suspicion dune CCQ secondaire doit conduire à la réalisation dexamens complémentaires avec idéalement une explora tion encéphalique par résonance magnétique, un bilan biologique com prenant la recherche dun syndrome inflammatoire, voire la réalisation dune ponction lombaire avec mesure de la pression douverture et ana lyse du liquide céphalorachidien (LCR). À cette étape de la démarche diagnostique, il est important dinsister sur certaines pathologies : proces sus expansifs dévolution lentement progressive, hématome sousdural chronique, artérite à cellules géantes (maladie de Horton, à évoquer sys tématiquement chez le sujet âgé de plus de 60 ans) et anomalies de la pres sion du LCR avec lhypertension intracrânienne idiopathique ou, au contraire, lhypotension cérébrale (par brèche méningée ou spontanée).
Élimination d’une céphalée chronique quotidienne de courte durée
Sur le plan nosographique il convient de différencier les CCQ de courte durée, qui se caractérisent par la survenue dépisodes céphalal giques durant moins de 4 heures sans traitement, des CCQ de longue durée au cours desquelles les épisodes céphalalgiques sont plus longs, sachant quen pratique lusage est de ne considérer que ces dernières sous le terme de CCQ. Les CCQ de courte durée sont essentiellement repré
Tableau S10P01C09Idevant faire suspecter« Drapeaux rouges » une céphalée chronique quotidienne (CCQ) secondaire. Terrain et antécédents médicaux Absence de céphalée primaire préalable à l’apparition de la CCQ Apparition de la CCQ dans un contexte pathologique (néoplasie, maladie systémique…) Apparition de la CCQ pendant la grossesse ou le postpartum Apparition de la CCQ depuis la prise d’un médicament Caractéristiques de la céphalée Déclenchement des céphalées par la toux, un effort physique ou une manœuvre de Valsalva Caractère postural (présente en orthostatisme, disparaissant en décubitus) Association à des symptômes neurologiques (hormis ceux de l’aura) Données de l’examen clinique Anomalies à l’examen clinique, œdème papillaire au fond d’œil