Symptôme fréquent et invalidant, la douleur musculaire survient au cours de nombreuses affections, musculosquelettiques ou non, et pose le plus souvent un problème de diagnostic étiologique. Elle est peu sensible au traitement antalgique conventionnel, en particulier lorsqu’elle est chronique.Principes générauxPhysiologie de la nociception musculaireLe muscle strié est riche en nocicepteurs et en propriocepteurs. Les nocicepteurs sont en grande majorité des terminaisons nerveuses libres, la plupart localisées au voisinage des points moteurs, jonctions musculo-tendineuses et fascias. La douleur musculaire a pour caractéristique d’être ressentie de plusieurs façons : alors que la douleur cutanée est ressentie au niveau de la lésion tissulaire et la douleur viscérale le plus souvent à distance (dans une zone dite référée), la douleur musculaire peut être ressentie localement tout autant qu’à distance, dans des aires référées spécifiques à chaque muscle et qui dépendent de l’organisation anatomofonctionnelle du niveau métamérique en jeu.
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Extrait
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Douleur
Chapitre S10P01C05 Douleurs musculaires
GÉRARDMICK
5 0 C 01 P S10
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Symptôme fréquent et invalidant, la douleur musculaire survient au cours de nombreuses affections, musculosquelettiques ou non, et pose le plus souvent un problème de diagnostic étiologique. Elle est peu sen sible au traitement antalgique conventionnel, en particulier lorsquelle est chronique.
Principes généraux
Physiologie de la nociception musculaire Le muscle strié est riche en nocicepteurs et en propriocepteurs. Les nocicepteurs sont en grande majorité des terminaisons nerveuses libres, la plupart localisées au voisinage des points moteurs, jonctions musculotendineuses et fascias. La douleur musculaire a pour caracté ristique dêtre ressentie de plusieurs façons : alors que la douleur cuta née est ressentie au niveau de la lésion tissulaire et la douleur viscérale le plus souvent à distance (dans une zone diteréférée), la douleur mus culaire peut être ressentie localement tout autant quà distance, dans des aires référées spécifiques à chaque muscle et qui dépendent de lorganisation anatomofonctionnelle du niveau métamérique en jeu. Dans la majorité des cas, la douleur musculaireaiguëest ressentie localement, alors que la douleur musculairechroniqueest ressentie de façon vague ou diffuse au niveau local et dans laire référée. La dou leur musculaire aiguë survient la plupart du temps dans un contexte traumatique ou inflammatoire évident, mais elle peut nêtre quun épiphénomène métamérique dune affection radiculaire ou abarticu laire de voisinage. Que ce soit de façon aiguë ou chronique, la dou leur musculaire saccompagne quasi systématiquement dune faiblesse motrice, qui doit être distinguée dun déficit moteur, dont lorigine est alors neurologique : la faiblesse musculaire est une sen sation subjective au repos et à leffort, associée à une limitation de lusage du muscle au cours de la contraction, de létirement ou de la simple sollicitation mécanique. La fatigue musculaire dorigine métabolique accroît une douleur musculaire préexistante, alors que la douleur après effort ischémique dépend dune population de nocicepteurs différente de celle impliquée dans la douleur inflamma toire. Toute douleur musculaire réduit lactivité motrice volontaire et la contraction musculaire maximale par un phénomène dinhibi tion médullaire métamérique : elle altère les contrôles moteurs et les stratégies motrices via des boucles fonctionnelles dinhibition médul laires et supramédullaires. Douleur et sensation de faiblesse dorigine musculaire peuvent ainsi être corrélées de façon subjective, alors que douleur musculaire et douleur liée à la souffrance des structures de voisinage sont réciproquement potentialisatrices. La fatigue musculaire après un effort nest normalement pas algo gène. Leffort normal nest algogène quaprès lésion myofibrillaire (libération dadénosine triphosphate [ATP]) ou augmentation du pH local audelà dun seuil, individuel, abaissé en cas de sensibilisation
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périphérique des nocicepteurs (en cas dinflammation) ou de sensibili sation centrale dans le cadre dune douleur chronique. La douleur musculaire à la pression est médiée par des nocicepteurs profonds (mécanorécepteurs à bas seuil). Elle sexprime localement et systémati quement de façon référée dès lors quil existe une sensibilisation cen trale. Les nocicepteurs profonds, intrafasciculaires, favorisent beaucoup plus le développement de la sensibilisation centrale de façon chronique que les nocicepteurs superficiels (à la surface des fascias), alors que ces derniers sont très sensibles à linflammation. La conver gence des afférences nociceptives dorigine musculaire au niveau médullaire favorise la sommation temporelle et spatiale des réponses algogènes. Il faut noter que la douleur musculaire peut réduire la sen sibilité superficielle au tact et à la pression dans la zone référée par le biais dune altération de mécanismes inhibiteurs descendants, phéno mène à lorigine dune sensation dhypoesthésie sans substratum neu rologique.
Définitions symptomatologiques
Lacontracture musculaireest une contraction prolongée involontaire dun muscle, qui peut être douloureuse ou non, réversible ou non de façon volontaire, et qui se manifeste physiquement par une rigidité musculaire à la palpation et une masse dont létirement, tout comme la contraction maximale, sont la plupart du temps douloureux. La contracture est un phénomène banal, fréquent chez le sportif après une hypersollicitation tonique ou dynamique, ou une posture inadéquate. Elle est transitoire ou chronique. Elle est favorisée par le stress, la neu rotonie ou lhypervigilance. Lespasmeest une contraction spontanée et involontaire dun mus cle, invincible, non douloureuse, brève, répétitive ou non. Il doit être distingué de laspasticité, augmentation de la réponse de contraction musculaire à létirement qui se manifeste au cours des affections neu rologiques centrales (syndrome pyramidal). Le spasme est un phéno mène souvent confondu avec la myoclonie, et nest pratiquement jamais à lorigine dune gêne chronique du fait de sa brièveté. Lacrampemusculaire est une contraction maximale involontaire spontanée ou deffort dun muscle, tétanisé le plus souvent dans son ensemble, quasi systématiquement douloureuse, qui dure quelques secondes à quelques dizaines de secondes et cède de façon spontanée ou à létirement. La crampe se produit de façon aiguë après une hyper sollicitation mécanique, en particulier chez un sujet non entraîné, ou de façon chronique soit de façon focale du fait dun trouble mécanique ou statique, soit de façon multifocale au cours des affections muscu laires ou nerveuses périphériques, ou enfin à loccasion dun trouble du métabolisme hydroélectrolytique (par exemple, dyskaliémie). Lorsquelle est dorigine musculosquelettique, la crampe est favorisée ou provoquée par une position ou un mouvement alors que, lorsquelle est dorigine neurologique, elle est le plus souvent spontanée et noc turne (au cours des polyneuropathies). Ladystonieest une contraction musculaire involontaire provoquant une position tonique ou anormale, souvent de torsion. Ce phénomène peut être douloureux, le plus souvent lorsquil est aigu. Il peut sy superposer des mouvements lents (athétose), rapides (myoclonies), ou rythmiques (tremblement), au repos ou déclenchés par un mouve ment. La dystonie est le plus souvent focale ou peut (mais rarement) affecter un membre, un hémicorps, voire être généralisée. La dystonie